A Venise, le pavillon angolais est maintenant plus prisé que le Palais des Doges. Pris d’assaut par les visiteurs du monde entier, le grand gagnant de cette année, qui a battu les 87 autres concurrents venant du monde entier, ne laisse pas de provoquer surprise et admiration.
Il faut dire que l’œuvre a de quoi déstabiliser. Installé dans un palais italien du XVIe siècle, le cœur de l’exposition consiste en une série de 23 affiches où figurent des images d’objets insolites, abandonnés ou oubliés que le photographe Edson Chagas a trouvé çà et là dans les rues de Luanda. Et le choc des cultures ne s’arrête pas là : à l’intérieur de ce vieux palais vénitien aux dorures élégantes, les visiteurs peuvent arracher des morceaux de ces affiches devenues si célèbres et les emporter chez eux.
Mais la victoire de l’Angola ne se limite pas à un joli trophée : elle est une fierté pour l’Afrique toute entière, généralement la grande oubliée de la Biennale. Les pays africains qui y participent se comptent sur les doigts d’une main. Pour l’Angola, c’était d’ailleurs une première fois, qui se transforme immédiatement en coup de maître.
L’occasion est d’autant plus belle qu’elle intervient pour les 50 ans de la création de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA), et elle est célébrée par les représentants de tous les autres pays du continent.
On considère la Biennale de Venise comme les Olympiades de l’art contemporain dans le monde ; avec le succès retentissant d’Edson Chagas, plus question désormais de laisser l’Afrique en dehors de la scène artistique internationale.