Togo : l’opposant Tikpi Atchadam accuse le parti au pouvoir de brandir de fausses preuves

Afriquinfos
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Faure GNASSINGBE (DR, Présidence du Togo)

Lomé (© Afriquinfos 2017)-Des images d’hommes brandissant des armes ont circulé sur les réseaux sociaux pendant les manifestations des 19 et 20 Août 2017. Le gouvernement togolais, par le biais du ministre de la sécurité, les assimile à des manifestants du PNP.

Mais des affirmations que rejette catégoriquement Tikpi Atchadam, le président du PNP. Il accuse la majorité présidentielle de faire du faux avec des images mutilées.

Dans un entretien accordé à un média privé, M. Atchadam a indiqué que le monsieur au grand gabarit brandissant l’arme n’a aucun lien avec les manifestations d’Août. « A Kara, à Bafilo, à Sokodé, à Anié comme à Lomé, les militants n’étaient pas dans un stade mais nous avons une image où quelqu’un brandit une arme prétendue arrachée d’un militaire » s’étonne le président du PNP.

« Ça nous rappelle l’itinéraire que l’administration nous a imposé et fait à dessein. La scène du crime était préparée d’avance. Rappelez-vous les menaces du ministre de la sécurité qui disait – si quelqu’un tire de la foule, nous allons rafler.- Alors ils avaient cette image avant les manifestations. Imaginez le PNP dans le respect de l’itinéraire imposé, les militants se retrouvent au stade et que ces images circulent en disant que les manifestants sont armés. Quelle sera la réaction des militaires ? Un carnage », explique-t-il.

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Le détenteur de l’arme est un professionnel et non un novice qui vient d’avoir un premier contact avec l’arme, a souligné le leader du PNP qui s’est également défendu sur une seconde image qui avait aussi sillonné le web soulignant que des militaires ont été arrêtées à Sokodé.

« Vous analysez la photo, vous allez voir des militants, allant tous tranquillement dans la même direction. C’est très clair qu’ils sont ensemble, aucun militaire n’a le visage inquiet et ce n’est pas possible qu’une foule à mains nues, arrête des militaires qui ont encore des armes sur eux », a-t-il dit

« De la même manière que l’opposition a brûlé les marchés de Kara, le PNP étant de l’opposition, a brûlé le commissariat de Sokodé. Et c’est très clair, moi je voudrais demander au juge d’instruction d’être très vigilant. Il vaut mieux relâcher un coupable que de condamner un innocent », a-t-il renchéri.

Tikpi Atchadam dit dénoncer cette attitude qui prétend montrer les Togolais comme des violents, ce qui selon lui, ternit d’ailleurs l’image du pays.

27 personnes interpellées

Au total 27 personnes ont été interpellées à Lomé lors de ces manifestations. Elles ont d’ailleurs été jugées ce mardi au Tribunal de Lomé.

Après délibération, 12 ont été relâchées au bénéfice du doute. Le Secrétaire général du PNP, Dr Kossi Sama qui figure également au rang des personnes interpellées, a été condamné à 18 mois de prison, dont 09 avec sursis. Les autres écopent d’un emprisonnement de 12 mois dont 7 avec sursis.

Du côté du collectif des avocats de la défense, c’est un sentiment de déception après le verdict. « Nous sommes sortis très frustrés par cette décision ; parce que nous sommes en matière pénale, et lorsque vous poursuivez quelqu’un, il faut avoir la possibilité de démontrer individu par individu, la participation de la personne à l’infraction qui lui est reprochée. Je ne vois pas comment ils ont réussi à asseoir la culpabilité de tous ceux qu’ils ont condamnés (…) ; normalement, c’est tout le monde qui doit être relaxé parce que c’est dans les mêmes conditions qu’on a arrêté tout le monde », a fait savoir le porte-parole du collectif des avocats, Me Paul Dodji Apévon qui dénonce un « procès politique ».

« En réalité, juridiquement, il n’y a pas d’éléments pour asseoir la culpabilité. C’est un procès politique et tout ça est fait pour intimider », a-t-il ajouté.

Innocente Nice