Lomé (© 2025 Afriquinfos)- Réunis du 10 au 13 juin, la Conférence des Évêques du Togo (CET) a appelé à “l’apaisement” et au “dialogue”, insistant sur le “respect de la dignité humaine et des libertés fondamentales”. Leur déclaration met en garde contre les risques de division : “La désinformation compromet l’aspiration au vivre-ensemble harmonieux”.
Alors qu’elle clôturait sa 139e session ordinaire à Lomé, la Conférence a fermement condamné ce vendredi 13 juin 2025, “toutes formes de violence” et dénoncé “la culture du mensonge” dans un communiqué. Ce texte intervient dans un contexte de tensions politiques exacerbées, marquées par des manifestations réprimées et des appels à la désobéissance civile lancés par l’opposition.
Les prélats ont renouvelé leur invitation à la prière pour la paix, reprenant une formule liturgique : “Que tous les fils et filles de notre cher pays deviennent capables d’amour au lieu de la haine, d’union au lieu de la division”.
Ce nouvel appel de la CET intervient après celui du du 26 mai qui dénonçait déjà “l’arrogance” du pouvoir et “le mépris des aspirations du peuple”. Face à l’appel à la “désobéissance à l’autorité illégitime” à partir du 23 juin, lancé par l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC) et des organisations civiles, l’Église catholique togolaise maintient sa ligne médiatrice.
Elle refuse toutefois la banalisation des violences, rappelant que “les colères muettes deviennent des déflagrations imprévisibles”.
De nouvelles manifestations annoncées pour les 26, 27 et 28 juin
Le message des évêques intervient alors même que de nouveaux appels à manifester ont été lancés sur les réseaux sociaux, pour les 26, 27 et 28 juin.
La nouvelle Constitution adoptée en avril 2024 qui permet à M. Faure Gnassingbé de s’éterniser au pouvoir, selon l’opposition et la société civile, la récente augmentation des frais d’électricité et l’arrestation du rappeur d’Amron sont autant de facteurs qui sont à l’origine des tensions qui prévalent au Togo depuis des semaines
Début juin, des manifestations lancées sur les réseaux sociaux par des jeunes et des militants de la société civile ont eu lieu à Lomé pour protester contre le pouvoir.
Les manifestants dénonçaient notamment les arrestations de voix critiques, la hausse du prix de l’électricité et la réforme constitutionnelle.
Les récentes manifestations avaient notamment été initiées par le rappeur Aamron, critique du pouvoir, qui avait été arrêté fin mai avant de réapparaître dans une vidéo le 5 juin, depuis un hôpital psychiatrique où il présentait des excuses envers M. Gnassingbé.
80 personnes ont été arrêtées le 6 juin, d’après les estimations des associations de défense des droits humains, pour avoir manifesté contre l’arrestation de plusieurs personnalités critiques du président Faure Gnassingbé, la hausse du prix de l’électricité et la réforme constitutionnelle. Soixante-cinq d’entre eux ont été libérés avec un rappel à la loi lundi 9 et mardi 10. Une dizaine serait encore en détention. Parmi eux, deux Togolais et un Français ont été inculpés mercredi 11 juin au pour « complot contre la sûreté de l’Etat et troubles aggravés ».
Le Togo est dirigé depuis 2005 par Faure Gnassingbé, successeur de son père resté près de 38 ans à la tête du pays.
V.A.