Tensions meurtrières en Ukraine: Quels sont les pays africains les plus exposés à la flambée des cours du blé?

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Kiev (© 2022 Afriquinfos)- L’Afrique n’est aucunement pas à l’abri des conséquences (diplomatiques et économiques) de la guerre qui oppose l’Ukraine et la Russie depuis quelques jours. La Russie et l’Ukraine figurent en effet parmi les principaux fournisseurs de céréales (blé, orge mais aussi oléagineux pour bétail) sur le continent. Et le prix des hydrocarbures (gaz et pétrole), dont la Russie est aujourd’hui le troisième producteur mondial, s’est envolé.

Le continent est particulièrement concerné par la situation, puisque l’Afrique du Nord reste l’une des deux principales régions au monde, avec le Moyen-Orient, à dépendre de ces importations de blé. Avec 13 à 14 millions de tonnes achetées chaque année, l’Égypte est ainsi le premier acheteur planétaire de blé russe. Les autorités viennent d’annoncer disposer d’une réserve de quatre mois.

L’Algérie s’approvisionne également auprès de Moscou, premier exportateur mondial, à hauteur de 10 % de ses besoins, pendant que le Maroc (12 %), la Tunisie (48 %) et la Libye (43 %) ont, eux, fait le choix de se fournir auprès de l’Ukraine, quatrième vendeur de blé au monde.

La hausse spectaculaire du cours de la céréale la plus consommée sur la planète fait donc craindre une augmentation du pain, mais aussi des pâtes et de la semoule, réactivant le spectre des «émeutes de la faim», qui avaient déjà secoué la région dans un passé pas si lointain. En Afrique subsaharienne, des pays comme le Togo, le Cameroun, le Sénégal ou le Nigeria, qui s’approvisionnent toujours plus auprès de la Russie, pourraient également être fortement concernés.

Bénéficiant des meilleures terres agricoles de la planète selon les experts, l’Ukraine fournit également un cinquième des volumes de maïs consommés dans le monde, ainsi que 80 % de la production mondiale de tournesol. Ce dernier étant, avec le soja, l’un des principaux éléments utilisés pour l’alimentation animale, les experts s’attendent déjà à d’importantes conséquences pour le secteur de l’élevage en Afrique comme sur les autres continents.

Une hausse du cours du blé de 6%

Alors que L’Ukraine et la Russie constituent 29% des exportations de blé mondiales, les tensions entre les deux pays ont provoqué une hausse du cours du blé, qui a bondi de 6%, depuis le  22 février 2022. Le cours mondial du blé a augmenté de 12% en trois semaines. ».

Plus qu’un simple pays producteur, l’Ukraine est le grenier à blé. Il représente 12 % des exportations de la céréale dans le monde, et la Russie, 17 %. En cas de conflit armé, la production pourrait se réduire et le grenier ukrainien se vider. « Si l’offre diminue dans les prochains mois alors que la demande restera réelle et maintenue, vous pouvez avoir des conséquences importantes », analyse Sébastien Abis, directeur du club Demeter et chercheur à l’Institut de relations internationales et stratégiques. Les conséquences sur le prix pourraient être durables, surtout si le conflit s’étend à la Mer Noire, au sud de l’Ukraine, d’où sont exportées les céréales par bateau.

C’est encore sur le marché des céréales que les plus grandes perturbations sont attendues. La Russie et l’Ukraine assurant ensemble plus d’un tiers de la fourniture mondiale de blé, le boisseau a atteint les 9,29 dollars à Chicago, son prix le plus élevé depuis neuf ans.

Par ailleurs, près de 76.000 Africains, toutes nationalités confondues mais majoritairement des étudiants, sont aujourd’hui établis en Ukraine. Parmi les dix premiers pays d’origine des étudiants étrangers, trois sont africains : le Maroc (8.000 étudiants), le Nigeria (4.000) et l’Égypte (3.500) font partie des rares à disposer d’une ambassade à Kiev, avec l’Afrique du Sud, l’Algérie, la Libye et le Soudan.

V. A.