Suspension dans la délivrance de visas français aux artistes sahéliens: E. Macron explique et contextualise

Afriquinfos Editeur
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French-Luxembourger television and radio host Stephane Bern (L), French President Emmanuel Macron (C) and French Culture Minister Rima Abdul-Malak (R) speak to the press during a visit focused on the European Heritage Days in Semur-en-Auxois in Burgundy, central-eastern France, on September 15, 2023. (Photo by Ludovic MARIN / POOL / AFP)

Paris (© 2023 Afriquinfos)- Face à la vague tous azimuts de réactions indignées suite à la mesure de suspension de coopération avec les artistes du Niger, du Burkina Faso et du Mali, Paris semble avoir changé de fusil d’épaule. Après la Ministre de la Culture, c’est le Président Emmanuel Macron qui a réagi à la polémique et tenté de l’éteindre en indiquant que ‘’c’est faux’’.

 Des acteurs du monde du spectacle et de la culture en général ainsi que des personnalités politiques de par le monde, ont vigoureusement réagi à la correspondance du Quai d’Orsay par le biais de sa Direction des affaires culturelles, qui indiquait que « les artistes du Niger, du Burkina Faso et du Mali ne sont plus les bienvenus sur les scènes françaises ». « Sur instruction du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, il a été décidé de suspendre, jusqu’à nouvel ordre, toute coopération avec les pays suivants : Mali, Niger, Burkina Faso », précisait le document.

Face au tollé provoqué par cette directive, les autorités tentent de la désamorcer. Ce vendredi, Emmanuel Macron a laissé entendre que c’est ‘’faux’’. ‘’Lorsqu’on dit qu’il n’y aura pas de visa ou qu’on annule tous les événements qui seraient faits en France avec tous les artistes venant du Burkina Faso, du Mali ou du Niger : c’est faux, ça ne se passera pas’’. Il a ajouté que « la vocation de la France, c’est d’accueillir les artistes, les intellectuels, et de pouvoir justement les faire rayonner en toute liberté ».

Le président français a reprécisé le sens de la circulaire de la Direction des affaires culturelles : ‘’Oui, nous avons stoppé les actions (culturelles) au Sahel, mais pas chez nous. Au Sahel, vous avez des putschistes qui nous attaquent, attaquent la culture chez eux […] Au Mali, les putschistes, depuis 2020, ont interdit tout financement d’organisation française par la France. Au Burkina Faso, les putschistes ont organisé des révoltes pour aller brûler nos instituts culturels. C’est donc un devoir de sécurité de réduire notre présence, et même de stopper nos coopérations », a déclaré Emmanuel Macron.

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« Quand au Niger, nous avons actuellement un ambassadeur qui est pris en otage à l’ambassade. On empêche que lui soit livrée de la nourriture, il mange avec des rations militaires. Comment voulez-vous que nous délivrions des visas ou faisions de la coopération culturelle, quand vous n’avez même plus la possibilité pour l’ambassadeur de sortir ? » s’est-il questionné. La ministre française de la Culture, Rima Abdul Malak, avait quant à elle parlé de ‘’confusion’’. « Il y a eu trop de confusion et, visiblement, de l’incompréhension suite à certains messages qui ont été passés », a-t-elle regretté que ses services allaient sortir une notre pour clarifier la situation.

N’empêche que selon de nombreux acteurs du secteur, la directive du Quai d’Orsay a déjà des répercussions sur de nombreux spectacles à venir et certains sont même déjà annulés du fait de non délivrance de visa aux artistes des pays sahéliens concernés. Le bras de fer entre la France et certaines de ses anciennes colonies s’est donc transporté sur le terrain culturel.

Boniface T.