Changsha (© 2025 Afriquinfos)- La Chine entend supprimer les droits de douane pour sur les produits de 53 pays africains. Pékin a fait l’annonce ce 12 juin 2025, en marge de la quatrième édition de l’exposition économique et commerciale Chine-Afrique à Changsha (centre du pays).
Cette nouvelle mesure conforte le statut de Pékin comme partenaire stratégique du continent même si l’impact devrait être bien plus symbolique qu’économique. Face à Donald Trump, qui menace le monde entier de représailles commerciales, Pékin prend le contre-pied. En pleine foire commerciale Chine-Afrique dans la province du Hunan, les autorités chinoises ont annoncé vouloir supprimer les droits de douane sur l’intégralité des importations en provenance d’Afrique.
La Chine est prête à «accueillir des produits africains de qualité sur son marché» en leur accordant «un traitement tarifaire nul», a ainsi fait savoir le ministère des affaires étrangères chinois, dans une lettre rendue publique jeudi 12 juin. Seul un Etat sur 54, l’Eswatini, qui continue d’entretenir des relations diplomatiques avec Taïwan, est exclu du futur accord.
33 pays africains bénéficiaient déjà de cette exemption, en tant que «Pays les moins avancés» économiquement, selon la classification de Pékin.
Les vingt nouveaux États entrant dans la liste ont pour la plupart des «revenus intermédiaires». Et certains, à l’instar de l’Afrique du Sud, du Kenya, du Nigeria, de l’Égypte ou encore du Maroc, possèdent une base industrielle de plus en plus solide. Cet accès plus aisé au marché chinois devrait donc particulièrement leur bénéficier.
Fait étonnant de cette annonce, la date d’entrée en vigueur de la mesure n’a pas été mentionnée. La raison est simple : Xi Jinping, présent au sommet, attend que les dirigeants africains négocient les détails et signent un nouvel accord économique entre la Chine et l’Afrique. Car l’objectif du dirigeant chinois est très clair : Pékin veut s’assurer de rester encore longtemps le premier partenaire économique du continent, mais aussi son premier investisseur et créancier.
selon les douanes chinoises, en 2024 les échanges commerciaux entre la Chine et l’Afrique se sont au global élevés à 295 milliards de dollars, soit une croissance de 4,8 % par rapport à 2023.
Mais ce chiffre cache un déficit commercial en défaveur de l’Afrique. En 2024, la Chine a en effet importé 116 milliards de dollars de produits africains, contre 178 milliards d’exportations vers l’Afrique. Le surplus commercial est en faveur de l’empire du milieu est donc de 62 milliards. L’idée de cette exemption est d’y remédier.
Une «communauté de destin Chine-Afrique»
La Chine se pose ainsi en championne du libre-échange et locomotive du « Sud global ». De surcroît vis-à-vis d’un continent lui aussi malmené par les Etats-Unis. De fait, si Pékin est la première cible de l’offensive protectionniste de Washington, de nombreux pays africains sont également menacés de surtaxes douanières et une trentaine d’entre eux pourrait perdre le bénéfice des franchises tarifaires accordées dans le cadre de l’African Growth and Opportunity Act, un accord commercial vieux d’un quart de siècle aujourd’hui en sursis.
Autre objectif de cette initiative de Pékin : diversifier la nature des produits qu’elle importe d’Afrique, aujourd’hui essentiellement des matières premières (pétrole, minerais, etc). Une manière de commercer qui n’est pas exempte de critiques de la part de certaines ONG, qui accusent la Chine d’avoir la main trop lourde sur les ressources stratégiques africaines.
Et tout cela, Pékin le sait. En renforçant encore son lien économique et géopolitique avec l’Afrique, Xi Jinping, entend construire une «communauté de destin Chine-Afrique».
À l’issue de la réunion à Changsha ce vendredi, les pays signataires ne manquent pas de critiquer «les efforts de certains pays pour perturber l’ordre économique et commercial international existant». Si les États-Unis ne sont pas mentionnés – diplomatie oblige – il est facile de deviner qui se cachent derrière le mot «certains pays».
Afriquinfos