Elu par acclamation, Motsepe face à des défis pour soustraire la CAF de la tutelle de la FIFA   

Afriquinfos Editeur
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Le Sud-africain Patrice Motsepe, candidat à la présidence de la Confédération africaine de football (CAF), lors d'une conférence de presse, le 25 février 2021 à Johannesbourg.

Rabat (© 2021 Afriquinfos)- C’est fait ! Patrice Motsepe est le nouveau président de la Confédération Africaine de Football (CAF). Le milliardaire sud-africain, seul candidat en lice, a été élu par acclamation ce vendredi à Rabat. Il est passé comme une lettre à la poste, diraient certains, fort du désistement de ses 3 challengers et du soutien à peine voilé de Gianni Infantino qui a donné de sa personne pour porter le magnat des mines et président du Mamelodi Sundowns à la tête de l’instance panafricaine. Un activisme que de nombreux observateurs voient d’un mauvais œil et qui pour eux, sonne définitivement le passage de la CAF sous le giron de la FIFA.    

 Tout était scellé d’avance. Il n’y a donc pas eu de suspense ce vendredi à Rabat. Patrice Motsepe est le nouveau boss du football africainLe 3ème homme le plus riche d’Afrique du Sud n’a pas eu à mouiller le maillot pour conquérir la présidence de la CAF. On peut dire que Gianni Infantino a fait le job à sa place. Le Sud-Africain était bien mal embarqué au début de la campagne car bien qu’étant président de club, il était très peu connu du milieu du football africain, et ne pouvait pas se targuer d’en connaître les rouages, contrairement à ses adversaires. 

L’Ivoirien Jacques Anouma, le Sénégalais Augustin Senghor et le Mauritanien Ahmed Yahya, ont dirigé ou dirigent encore les fédérations de football de leur pays respectif et ont évolué dans les sphères décisionnelles de la CAF voire de la FIFA. Donc bien au fait des réalités du football continental et mieux armés.  

C’était sans compter sur le Président de la FIFA qui tout en s’y défendant avait fait du candidat sud-africain, son favori. Gianni Infantino s’emploiera de ce fait à le mettre en pole position. Profitant d’une tournée africaine, ce dernier n’hésitera pas directement à passer par le canal des chefs d’Etat qui ont ensuite convaincu les rivaux de Patrice Motsepe  

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Le Sénégalais Augustin Senghor, l’Ivoirien Jacques Anouma et le Mauritanien Ahmed Yahya annonceront tour à tour leur retrait de la course pour laisser le champ libre au Sud-africain. S’ensuivront des réunions entre les 4 candidats dont la dernière à Nouakchott le samedi 6 mars dernier, afin de trouver un consensus et de décider des postes qu’occuperont chacun, une fois Motsepe porté à la présidence de la CAF. Augustin Senghor et Ahmed Yahya s’en sortiront avec des postes de vice-président tandis que Jacques Anouma sera Conseiller.  

 Un accord qui avait déjà trouvé écho favorable auprès de Gianna Infantino. «Les dirigeants du football africain ont montré qu’il était possible de se fédérer derrière un projet», s’est félicité le président FIFA«Ils ont montré que l’on pouvait défendre un programme ensemble, cette vision d’emmener le football africain au sommet de la pyramide mondiale. Aujourd’hui, cette décision démontre la maturité du football africain. La CAF a su avoir la sagesse de se rencontrer, d’écouter les ambitions des présidents et de tout le football africain. Elle a été capable de mettre de côté ses différences pour avancer ensemble, car c’est uni que l’on gagne», a encore vanté le patron du football mondial. 

 Du concret attendu !  

 De belles paroles qui ne sont pourtant pas du goût de tout le monde. Pour ces derniers, Patrice Motsepe ne sera qu’une marionnette de la FIFA qui pourra à sa guise, manœuvrer pour imposer ses réformes et désiderata pour le football africain. Les craintes d’ingérence de la FIFA qui aura ainsi un contrôle sur le sport-roi en Afrique sont grandes. Le débat sur l’éventuel passage à la CAN tous les 4 ans (contre 2 actuellement), une idée portée par Infantino et à laquelle Motsepe n’est pas forcément hostile, sera un vrai test. 

 Gianni Infantino avance lui la nécessité d’avoir des hommes nouveaux pour relancer l’attractivité de la CAF auprès des sponsors et autres partenaires économiques. C’est en effet cet argument que brandissent les soutiens de l’homme d’affaires. Son solide réseau dans le milieu des affaires pourrait ainsi permettre de débloquer des fonds qui permettraient à la CAF, dont les finances ont été mises à mal par la crise de la Covid-19, de se relancerLe nouveau patron du football africain, hommes d’affaires à succès, saura surement s’en sortir de ce côté-là. 

 Boniface T.