Ouagadougou (© 2024 Afriquinfos)- Face aux accusations formulées ce 11 juillet 2024 du Président de la Transition burkinabè sur une « présence militaire française au Bénin et en Côte d’Ivoire visant à déstabiliser son pays », l’état-major des Armées françaises a réagi. Paris dément une nouvelle fois, et donne des précisions sur sa coopération militaire avec ces pays.
Dans une déclaration rendue publique quelques heures après la sortie du Capitaine Ibrahim Traoré, l’état-major des Armées françaises a démenti formellement l’existence de bases militaires françaises au Bénin. «Les seuls militaires permanents sont l’attaché de défense et les coopérants qui sont détachés auprès du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères», explique le document qui précise qu’il existe «ponctuellement des DIO (Détachements d’instruction opérationnelle) temporaires et de courte durée qui peuvent y être déployés composés de militaires issus des Éléments français au Sénégal ou des Éléments français en Côte d’Ivoire pour appuyer, à leur demande, les Forces armées béninoises par des actions de formation et d’entraînement». Paris fait savoir en outre qu’elle compte actuellement cinq implantations en Afrique: au Tchad, au Sénégal, en Côte d’Ivoire, au Gabon, à Djibouti.
Les accusations d’«IB» qui était quelques jours plus tôt à Niamey pour le premier Sommet de l’AES (Alliance des Etats du Sahel) sont également battues en brèche par Porto-Novo. Le Porte-parole du Gouvernement béninois, Wilfried Léandre Houngbedji, a notamment fait une publication sur Facebook dans laquelle il a écrit que «c’est l’hôpital qui se moque de la charité. Les attaques terroristes enregistrées par le Bénin à ce jour, dont la grande majorité a été déjouée par nos Forces de défense et de sécurité, sont l’œuvre de gens venant de l’autre côté de nos frontières, le Burkina-Faso et le Niger. C’est d’ailleurs ce qui a amené le Gouvernement du Bénin, dans sa stratégie pour contrer le phénomène, à construire pour compter de 2022, de petits camps militaires appelés ‘Bases opérationnelles avancées’, dans plusieurs de nos communes frontalières. Cela, nous ne l’avons pas caché puisque le Président de la République lui-même en a parlé devant l’Assemblée Nationale dès le 8 décembre 2022.
Voilà que nos frères et voisins, pour des raisons de politique domestique, s’emploient à vouloir faire de nous la source de leurs problèmes. C’est une tendance pernicieuse, venant de militaires qui connaissent ces camps et leur vocation», a-t-il déploré. La personnalité béninoise accuse au passage, et en retour, les juntes militaires au Sahel de manipuler leurs populations: «Ainsi, après le Niger, c’est au tour du Burkina Faso d’emboucher cette trompette nauséeuse de désinformation qui alimente non le patriotisme, mais plutôt la rancœur des populations et menace à terme la coexistence pacifique des peuples. Une chose est certaine, le populisme n’a qu’une seule vertu: c’est de déplacer les problèmes en faisant semblant de les régler. Tôt ou tard, les populations se rendront compte qu’elles ont été abusées», conclut-il.
Ces mêmes accusations portées par le pouvoir de Ouagadougou sur la présence de militaires français au Bénin, font partie du narratif à Niamey qui justifie à travers ces arguments le maintien de la fermeture de ses frontières terrestres avec le Bénin, malgré la levée de la plupart des sanctions de la CEDEAO et de l’UEMOA contre les Etats en Transition en Afrique de l’ouest depuis aout 2020.
S. B.