Les chefs d’État des 57 pays membres se réuniront les 29 et 30 novembre prochain à Dakar, au Sénégal, pour choisir, à huis clos, le nom de celui ou celle qui succèdera à l’ancien président sénégalais qui a passé trois mandats à la tête de cette institution (1981-2000). Cinq candidats dont 4 Africains briguent le poste. Mais, aucun n'a pour l'instant tiré son épingle du jeu, nul n'attirant le "consensus" souhaité par PARIS.
En juin, Paris a demandé aux pays africains qui représentent plus de la moitié des membres de l’OIF de trouver un consensus entre eux, espérant reproduire le principe qui avait prévalu lors de la nomination d’Abdou Diouf et de l’Égyptien Boutros Boutros-Ghali avant lui. Peine perdue.
L’ex-président burundais Pierre BUYOYA actuellement haut représentant de l’Union africaine pour le Mali et le Sahel, aurait un profil politique lui permettant de prendre la suite d’Abdou Diouf. Mais son arrivée au pouvoir par un coup d’État militaire (en 1987) entache sa réputation.
Les trois autres candidats africains ne sont pas non plus exempts de handicaps. L’ex-ministre des Affaires étrangères et journaliste mauricien Jean-Claude de l'ESTRAC, actuel secrétaire général de la Commission de l’Océan indien, souffre d’être peu connu en dehors de sa zone.
L’écrivain HENRI LOPES, ancien Premier ministre du Congo-Brazzaville et actuel ambassadeur en France table sur son expérience. Mais à 77 ans, son âge pourrait jouer contre lui, tout comme ses nombreuses candidatures malheureuses au secrétariat général de l’OIF par le passé.
Quant à Augustin Nfumu, candidat de la Guinée équatoriale, son pays, dirigé depuis 1979 par Teodoro Obiang Nguema, en plus d'être largement hispanophone n'est pas un exemple de démocratie. Ce qui pourrait lui porter entrave.
Une règle non écrite veut que le secrétaire général de l’OIF soit issu d’un pays du Sud. Certains estiment même que le poste doit rester une chasse gardée africaine. Mais face à l’absence de consensus autour d’un candidat venu d’Afrique, une Canadienne a des chances de s’imposer. Michaëlle Jean, ex-gouverneure générale du Canada, bénéficie du poids que représente son pays et de la province francophone de Québec au sein de l’OIF.
Sauf en cas de veto sur une candidature non-africaine, les chefs d’État pourraient donc donner sa chance à cette ancienne journaliste qui souhaite "établir une feuille de route pour maintenir l’action politique de la Francophonie" et y adosser "une stratégie économique plus inclusive des forces vives que représentent les femmes et les jeunes".
Contacté par France 24, J.-L. ROY, ancien secrétaire général de l’Agence intergouvernementale de la Francophonie (1990-1999 dresse le profil idéal du patron de l’organisation :«Il doit être rassembleur, trouver les mots justes et savoir communiquer clairement, notamment en cas de crise ; avoir un peu d’audace pour obtenir des avancées ; et enfin avoir l’énergie physique que nécessite la fonction".
Derrière les portes closes du Sommet de Dakar, les chefs d’État et de gouvernement vont devoir trancher. En cas de blocage, Abdou Diouf a déjà assuré auprès des journalistes du ‘’Monde’’qu’il n’était "pas question" pour lui de prolonger son mandat. "C’est clair, net et précis", a-t-il insisté avant d’ajouter : "Et si vacance il y a, je réfléchirai pour proposer un secrétaire général intérimaire".
Larissa AGBENOU