Cette décision de la cour suprême sénégalaise vient définitivement fermer le chapitre «Karim Wade» qui a défrayé la chronique ces derniers mois. L’ex ministre et fils de l’ancien président sénégalais Abdoulaye Wade était accusé d'avoir acquis illégalement par le biais des montages financiers, des sociétés au Sénégal et à l'étranger, des comptes bancaires, des propriétés immobilières et des voitures lorsqu'il était conseiller puis ministre de son père.
Ces accusations lui ont valu une comparution devant la CREI, une juridiction spéciale, en mars dernier. Karim Wade avait alors été condamné à six ans de prison ferme et plus de 210 millions d'euros d'amende.
Pour casser le verdict du 23 mars, sa défense avait notamment mis en cause «l'impartialité» de la CREI, sa «composition irrégulière» et fait valoir «le privilège de juridiction » de Karim Wade en raison de sa qualité d'ancien ministre. Des arguments que la Cour suprême a jugés «non fondés».
La Cour suprême «rejette les pourvois de Karim Wade contre l'arrêt du 23 mars prononcé par la Cour de répression de l'enrichissement illicite», a annoncé le président de l'audience, Abdourahmane Diouf dans l'arrêt rendu ce jeudi en l'absence de Karim Wade et de ses avocats.
La Cour suprême a également confirmé ce jeudi le verdict de la CREI concernant Ibrahima Khalil Bourgi, Pape Mamadou Pouye et Alioune Samba Diassé , les co- prevenus de Karim Wade , condamnés par la CREI à des peines de prison de 5 ans, à payer de lourdes amendes et à la confiscation de l’ensemble de leurs biens.
Karim Wade incarcéré depuis 2013 devra donc rester en prison pour purger sa peine puisque la loi sénégalaise n'offre pas la possibilité de faire appel des décisions de cette juridiction.
Les avocats dénoncent
Suite à cet arrêt, les avocats de Karim Wade, dénoncent dans un communiqué «l’instrumentalisation de la justice sénégalaise à des fins politiques».
«C’est une parodie de justice. Cette procédure est soumise à des impératifs politiques et non judiciaires», s’offusque de son côté Corinne Dreyfus-Schmidt, l’une des avocates d’Ibrahim Aboukhalil.
Outre ces dénonciations des avocats des accusés, les acteurs de la société civile décrient également la lourdeur de la sentence. «Comment les accusés pourront-ils verser des amendes allant jusqu’à 210 millions d’euros alors que, dans le même temps, tous leurs biens sont confisqués», s’interrogent certaines personnes.
Ibrahim Aboukhalil et son frère Karim entendent saisir à cet effet deux instances d’arbitrage internationales, notamment de la Banque mondiale et de l’OHADA pour contester la mise sous administration provisoire des différentes sociétés dont ils sont actionnaires.
Larissa AGBENOU