Sénégal: Une gouvernance disruptive en vue avec l’élection de Diomaye Faye comme nouveau Président

Afriquinfos Editeur
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Le candidat de l'opposition Bassirou Diomaye Faye vote à Dakar, le 24 mars 2024 au Sénégal.

Le Sénégal va retrouver sa normalité politique après la reconnaissance par le camp présidentiel de la défaite de son poulain Amadou Ba ce 25 mars 2024. La gouvernance de Diomaye Faye promet d’être disruptive. Sur tous les plans.

Des partisans de l’opposant antisystème Bassirou Diomaye Faye rassemblés à Dakar, le 24 mars 2024 au Sénégal.

Les résultats provisoires publiés dans les médias et sur les réseaux sociaux depuis ce 24 mars 2024 plaçaient le candidat Bassirou Diomaye Faye nettement devant celui du pouvoir et très loin devant les autres. Des journaux ont proclamé dès lundi la victoire de M. Faye à leur Une. « Diomaye le plébiscite« , titre l’Observateur. « Happy Birthday Mister President« , affiche Walf Quotidien.

Sa victoire « est presque acquise parce que d’après ce qu’on voit, d’après les chiffres qui viennent de tomber là, je vous dis qu’il n’y aura pas de deuxième tour« , se réjouissait par avance Serigne Aïssanine, coordinateur jeunesse de la coalition ‘Diomaye Président’.

« C’est une révolution totale. Tout va changer. Du côté comportement, du côté social, du côté financier, tout va changer« , déclare Coumba Diallo dite “Queen Biz”, une chanteuse qui soutient M. Faye. Au moins dix des 17 candidats ont félicité M. Faye au vu des résultats provisoires publiés par les médias. La certitude de la victoire a déclenché des scènes de liesse parmi ses sympathisants dans la capitale et en Casamance (sud).

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– « Rupture » –

Dépouillement des bulletins de vote à Ziguinchor, le 24 mars 2024 au Sénégal.

Une victoire de M. Faye pourrait annoncer une profonde remise en cause systémique, pas seulement parce qu’il devient le plus jeune président du Sénégal depuis l’indépendance vis-à-vis de la France en 1960. M. Faye, bénéficiant d’une loi d’amnistie, est sorti de onze mois d’emprisonnement dix jours avant l’élection, en même temps que son guide et chef de leur parti dissout, Ousmane Sonko. M. Faye se veut le « candidat du changement de système » et d’un « panafricanisme de gauche ». Son programme insiste sur le rétablissement de la « souveraineté » nationale, bradée selon lui à l’étranger. Il a promis de combattre la corruption et mieux répartir les richesses, et s’est aussi engagé à renégocier les contrats miniers, gaziers et pétroliers conclus avec des compagnies étrangères.

Le Sénégal pourrait commencer à produire du gaz et du pétrole en 2024. Le scrutin a été  suivi avec attention, le Sénégal étant considéré comme l’un des pays les plus stables d’une Afrique de l’Ouest secouée par les putschs. Dakar maintient des relations fortes avec l’Occident, tandis que la Russie renforce ses positions alentour. Le Sénégal a connu depuis 2021 différents épisodes de troubles causés par le bras de fer entre Ousmane Sonko et le pouvoir, conjugué aux tensions sociales.

Le pays a plongé dans l’une de ses plus graves crises depuis des décennies quand le Président Sall a décrété le 3 février 2024 un report de la présidentielle prévue trois semaines plus tard. Les troubles ont fait des dizaines de morts en trois ans et donné lieu à des centaines d’arrestations. Les deux camps se rejettent mutuellement la faute de ces évènements qui ont altéré la vitrine démocratique sénégalaise. M. Faye a promis « la rupture » en votant au côté de ses deux épouses dimanche 24 mars 2024 dans son village de Ndiaganiao (ouest). M. Ba, qui était encore il y a quelques semaines le Premier ministre du Président Sall, se posait en garant de la stabilité.

Il lui a fallu assumer tous les aspects de l’héritage du Président Sall: les grands travaux qui ont transformé le visage du Sénégal, mais aussi une pauvreté persistante, un chômage élevé, et les centaines d’arrestations de la période récente.

Décompte des bulletins de vote à Ziguinchor, le 24 mars 2024 au Sénégal.

© Afriquinfos & Agence France-Presse