Intitulé « Ken Bugul, tout le monde en veut !», le documentaire retrace le parcours artistique et la vie de l’écrivaine sénégalaise.
De sa naissance dans un village de silence, d'un père âgé de 85 ans dont elle pensait qu'il était son grand-père, au départ de sa mère alors qu’elle n’avait 5ans, le film simule les émotions et les états d’âme de l’héroïne qui conte elle même son histoire. Dans ce chef d’œuvre cinématographique, l’auteure se raconte dans la simplicité crue, tandis que son profil se découpe devant la mer
La scène de retour au village est un des moments les plus émouvants du film. L'écrivaine raconte comment l'école lui a fait rêver de ces petites filles blanches des livres…
Elle partira donc aux pays des blancs et prendra la mesure de ses illusions : « Je m'identifiais à eux, et ils ne s'identifiaient pas à moi », conte t elle.
Ken Bugul semble avoir tout vécu, la libération de la fin des années soixante, l'amour libre, l'alcool.
Le retour au Sénégal fin des années 70 est plus que rude, elle y est devenue une étrangère et ne peut redevenir celle que la société voudrait faire d'elle. Ken Bugul prend la tangente vers le Bénin. On l'y voit vivre au quotidien, aimer les matins, soigner ses arbres et se mettre au travail. Écrire "Comme si j'apportais des corrections aux pages de ma vie."
Le mouvement constant de la vie de l'écrivaine est celui d'un être qui va de la conquête de sa liberté à la note qu'il faut payer pour la vivre. "Je ne me sens à l'aise nulle part sauf en moi-même, j'habite à l'intérieur de moi.», affirme t elle.
Ce que sa mère, avec laquelle elle n'a eu que peu de relations, a laissé à Ken Bugul, c'est une pièce, qui, en effet, vaut de l'or, car elle l'a entourée d'une parole essentielle : le plus important dans la vie, c'est le discernement. Il lui donne les moyens de rebondir au bout de chaque étape et d'en ouvrir une autre avec ce sens du combat dont les lecteurs, et aussi celles et ceux qu'elle a croisés sur sa route, sont les bénéficiaires reconnaissants.
L’auteure finira en Haïti, cette île qui a tellement marqué Ken Bugul qui y a laissé une part d'elle-même. Elle continue d'en parler avec la même passion.
Ken Bulgul a écrit «Cacophonie», «aller et retour» et «baobab fou» qui a reçu un prix en 1995.
P. Amah