Sénégal : Le président Sall veut supprimer le Sénat au profit des inondations

Afriquinfos Editeur
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Cette coalition, Bennoo Book Yaakar, était profondément divisée sur le maintien ou non du Sénat. Pour la plupart des ses membres, il devrait être supprimé de la nomenclature institutionnelle du pays, parce qu'il est inutile et coûte cher.

 Le président sénégalais a donc pris prétexte des inondations pour décider de soumettre "en procédure d'urgence un projet de loi constitutionnel pour la suppression du Sénat".

 Ainsi "des ressources prévues pour cette institution, près de 8 milliards, seront consacrées entre autres à la solution des inondations à travers déjà le projet de gestion des eaux pluviales", a déclaré Macky Sall.

A ses partisans et autres alliés favorables au maintien du Sénat, le président Sénégalais indique : "je sais la peine que ressentent mes partisans mais lorsque la détresse des populations est aussi ample, il faut savoir opérer les ruptures. Savoir prendre les grandes décisions".

 Et Macky Sall de poursuivre, "certes le Sénat peut contribuer à asseoir des institutions robustes et crédibles pour l'équilibre des pouvoirs, jouer un rôle majeur dans l'ancrage d'une démocratie irréprochable, mais quoi de plus urgent que l'allégement des souffrances de notre peuple dont les attentes constitue le centre de mes préoccupations".

Le débat sur l'opportunité du Sénat, dont l'élection des membres, au suffrage indirect, c'est à dire par les députés et élus locaux, était déjà fixée pour le 16 septembre prochain, a suscité de vives polémiques, entre les membres de la coalition du camp présidentiel.

 Le Mouvement du 23 juin, qui a soutenu Macky Sall au second tour de l'élection présidentielle, a dénoncé hier, mardi, lors d'une conférence de presse, le maintien du Sénat.

 Pour Alioune Tine et ses camarades, la réalité des conditions de vie des populations et les difficultés économiques de l'Etat militent pour la suppression du Sénat.

 "Près de 57% des ménages ruraux et 50% des ménages en milieu urbain vivent en dessous du seuil de pauvreté. Pire, au moment où les acteurs politiques s'apprêtent à se partager les postes de sénateurs, des centaines de familles vivent le calvaire des inondations dans des conditions inhumaines", déplore Cheikh Tidiane Dièye le porte-parole du M23.

Ce mouvement qui s'est distingué dans la lutte contre la candidature d'Abdoulaye Wade à la dernière présidentielle, menace de descendre, à nouveau, dans la rue si le nouveau régime maintenait le Sénat. Deux jours avant, le Rassemblement national démocratique (RND), un parti membre de la mouvance présidentielle, a demandé publiquement à ses élus de boycotter les élections sénatoriales. Et même des partisans du maintien du Sénat déplorent le mode de désignation des sénateurs (45 élus et 55 désignés par le chef de l'Etat), et on n'était pas loin d'un vote-sanction lors des sénatoriales.

 S'y ajoutent les récriminations des sinistres des inondations qui perçoivent le maintien du sénat comme un partage des sinécures et un gaspillage des maigres ressources du pays, alors que les urgences sont ailleurs. Autant d'éléments qui expliquent selon certains spécialistes, qu'au-delà des inondations, Macky Sall vise à faire taire les divergences au sein de sa coalition, en attendant de revenir sur un nouveau projet de sénat, dans des circonstances plus favorables.