Sénégal : Polémique sur la nomination d’un responsable du parti au pouvoir au ministère de l’Intérieur

Afriquinfos Editeur
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Plusieurs responsables politiques de l'opposition ont émis des doutes sur sa neutralité à ce ministère chargé de l'organisation des élections, compte tenu de ses responsabilités au sein de la formation au pouvoir, l'Alliance pour la République (APR) du président Macky Sall.

Ainsi, l'ancien candidat malheureux à la dernière présidentielle, Ibrahima Fall, a fait part de sa préoccupation quand à "la gestion dans la neutralité de ce département, chargé de l'organisation des élections" par une personnalité "connue et reconnue au sein du parti au pouvoir".  

"Sachant que la rivalité est rude pendant les élections, une personnalité neutre doit occuper ces fonctions", a-t-il estimé au cours d'un point de presse.

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Pour lui, des "malentendus dont le pays n'a pas besoin peuvent résulter de la nomination" d'Abdoulaye Daouda Diallo à la tête du ministère de l''Intérieur.

De son côté, le Parti démocratique sénégalais (PDS, opposition et ex-parti au pouvoir) a aussi contesté cette nomination de M. Diallo. "Cette personne ne doit pas diriger ce département. Un homme politique ne peut gérer la question des élections (..)", a-t- il soutenu.

La contestation du ministre de l'Intérieur comme organisateur des élections n'est pas phénomène nouveau dans la vie politique sénégalaise.

En 2012, sous la pression de l'opposition de l'époque, le président sénégalais Abdoulaye Wade avait retiré l'organisation des élections au ministère de l'Intérieur (que dirigeait un des ses partisans), en créant un ministère chargé des Elections.   Dans le dispositif électoral sénégalais, les scrutins sont placés sous le contrôle de la CENA (Commission électorale nationale) indépendante du pouvoir, alors que le ministère gère les aspects matériels des bureaux de vote (bulletins, listes, urnes, isoloirs).

Pour cette raison, l'arrivée à la tête du ministère de l' Intérieur de M. Diallo ne devrait pas constituer un problème, a estimé le ministre de la Promotion de la Bonne gouvernance et porte-parole du gouvernement sénégalais, Abdou Latif Coulibaly.

"Ce qui est important pour moi, c'est que l'on puisse dire après les élections que tout est transparent. Depuis 1998, aucune élection n'a fait l'objet d'une contestation majeure. L'essentiel, c'est de se concerter et de discuter, pour une élection transparente", a-t-il dit.

Il a rappelé que depuis l'indépendance du Sénégal en 1960, seulement trois ministres de l'Intérieur n'appartenant à aucune formation politique ont dirigé ce ministère stratégique, à savoir les généraux Mamadou Niang, Lamine Cissé et Pathé Seck.

Quant au nouveau ministre contesté, il s'est engagé à mener son travail dans la neutralité notamment dans l'organisation des élections municipales, rurales et régionales prévues en mars 2014.

"Aux citoyens sénégalais et aux partenaires de l'espace politique, je voudrais dire l'engagement du gouvernement à prendre toutes dispositions pour que les prochaines échéances locales se déroulent comme indiqué par les lois et règlements en matière électorale, conformément aux directives du chef de l'Etat", a assuré M. Diallo.