Sénégal : Que peut amener le président après l’indépendance du pays

Afriquinfos Editeur
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"Certes, le défilé a été sobre par la durée, mais il m'inspire une grande fierté devant ce grand peuple sénégalais qui, par sa maturité, a su montrer encore une fois à la face du monde que nous étions une grande démocratie", a déclaré le président Sall à l'issue de la cérémonie de prise d'armes marquant l'anniversaire de l'accession du Sénégal à la souveraineté internationale.

L'hommage ainsi rendu au peuple sénégalais n'est pas fortuit. Cette année, le mot "Indépendance" prend une signification particulière au Sénégal. Celle de "la victoire de la lutte acharnée menée par la jeunesse et la société civile pour faire comprendre au régime d'alors que le pouvoir n'est pas une position de laquelle on écrase le peuple", comme l'a confié à Xinhua le professeur Ousseynou Ndiaye, spécialiste de la sociologie politique, en marge des festivités.

Il fait ainsi allusion aux manifestations organisées avant la tenue du premier tour de la présidentielle, le 26 février, par le mouvement de jeunes rappeurs "Y en a marre" et celui des associations de la société civile "M23" à Dakar et à travers le pays pour barrer la route au projet de l'ancien président Abdoulaye Wade de briguer un troisième mandat à la tête du pays au mépris de la constitution sénégalaise.

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"Abdoulaye Wade portait tous les espoirs quand il est arrivé au pouvoir en 2000 mais il s'est par la suite laissé aller à des dérives dans sa gestion du pouvoir qui ont précipité la pauvreté extrême dans ce pays. C'est pour cela que lorsqu'il a voulu forcer le passage pour briguer un troisième mandat, que le peuple, et particulièrement la jeunesse, s'est levé comme un seul homme pour faire échec à son projet et sauvegarder les acquis de la démocratie obtenus depuis l'avènement de l'alternance en 2000", a soutenu le professeur Ndiaye.

De l'avis de plusieurs observateurs de la scène politique sénégalaise, c'est ce rejet par le peuple du système incarné par la volonté de Wade de s'octroyer un nouveau septennat à l'âge de 85 ans, sur fonds de protestation contre les difficultés de la vie, qui a favorisé l'élection de Macky Sall, 51 ans.

"L'alternance pacifique du pouvoir entre M. Abdoulaye Wade et vous marque la victoire de la démocratie. Vous êtes le premier président du Sénégal né après l'indépendance. Vous avez donc avec vous la symbolique de l'espoir et la volonté de ne pas décevoir. Votre réussite dans votre mission est donc possible, car elle est tributaire de cette conjonction", avait reconnu, le 2 avril, le président du Conseil constitutionnel sénégalais, Cheikh Tidiane Diakhaté, lors de la cérémonie d'investiture de Macky Sall.

"C'est une nouvelle ère qui s'ouvre. L'ère de la jeune génération qui a compris qu'il faut mettre les intérêts du peuple en avant pour sortir ce pays de la pauvreté qui prend des proportions inquiétantes. L'espoir retrouvé du peuple est un élément favorable pour réaliser l'émergence de ce pays", a confié d'une voix ferme Marième Sow, journaliste et sociologue.

Conscient de ce challenge, le nouveau locataire du palais de l'avenue Léopold Sédar Senghor a annoncé, lors de son discours marquant la célébration de l'indépendance du pays, une série de réformes allant dans le sens de l'assainissement des finances publiques, de la relance des secteurs de la vie économique et de la baisse du coût de la vie.

Une réforme majeure déjà intervenue est la formation d'un gouvernement de 25 membres, contre une équipe jugée pléthorique de ministres d'Etat et ministres conseillers au nombre d'une cinquantaine dans l'administration de l'ancien président Wade.

A l'image de la sobriété du défilé de la fête de l'indépendance, la modération semble être le principe sur lequel se bâtira la méthode de gouvernance du président Macky Sall pour matérialiser l'avènement de l'ère de la gestion citoyenne du pouvoir au Sénégal, annoncé par les analystes.