Au moins 39 personnes ont péri dans le naufrage d’une embarcation transportant illégalement des migrants vers l’Europe dimanche 08 septembre 2024 au large des côtes sénégalaises, indique un nouveau bilan de la Marine sénégalaise publié jeudi 12 septembre.
Trente-neuf corps sans vie ont été récupérés entre dimanche et jeudi à la mi-journée, a dit sur les réseaux sociaux la Marine, dont le précédent bilan faisait état de 26 morts. Les recherches se poursuivent, a-t-elle ajouté. Un bilan plus élevé est redouté. Des dizaines de passagers avaient pris place dans la pirogue qui a coulé à quelques kilomètres du port de Mbour (ouest) peu après son départ, selon des témoignages recueillis sur place.
Le dernier en date d’une longue série de drames de la migration clandestine au Sénégal a de nouveau suscité l’émoi. Des centaines de Sénégalais ont perdu la vie ces dernières années en tentant la périlleuse route de l’Atlantique pour gagner l’Europe, principalement via l’archipel espagnol des Canaries, à bord d’embarcations bondées et souvent vétustes. Le Président Bassirou Diomaye Faye, élu en mars 2024 et confronté à son tour à cette succession tragique, s’est rendu à Mbour dans la soirée du 11 septembre dernier. Il a parlé de situation « insoutenable ».
Il a promis une « traque sans répit » des passeurs et a assuré que le Gouvernement travaillait « d’arrache-pied » à des politiques contre le chômage des jeunes, tout en reconnaissant qu’il faudrait du temps avant que ces politiques ne produisent leur effet.
Des efforts étatiques déployés jusqu’à ce 10 septembre
Les unités de la Marine avaient récupéré 17 dépouilles supplémentaires mardi 10 septembre dernier, précise la Marine sur les réseaux sociaux. « Au total 26 corps ont été repêchés dans ce naufrage » avec les neuf récupérés auparavant et dont la mort avait été annoncée lundi, avait-elle informé. « Les recherches se poursuivent », avait-elle ajouté, alors que de nombreuses autres personnes sont portées disparues.
Selon les témoins interrogés à Mbour, des dizaines de passagers avaient pris place dans la pirogue qui a chaviré à quelques kilomètres de la côte peu après son départ. Le Sénégal est l’un des principaux points de départ pour les milliers d’Africains qui prennent depuis des années la périlleuse route de l’Atlantique et tentent de gagner l’Europe, principalement via l’archipel espagnol des Canaries, à bord d’embarcations surchargées et souvent vétustes.
Beaucoup de candidats à l’émigration embarquent dans l’important Port de pêche de Mbour. Des milliers de personnes sont mortes en tentant de rejoindre ainsi l’Europe ces dernières années. L’ancienne Première ministre, Aminata Touré, nommée récemment Haute représentante du Président de la République Bassirou Diomaye Faye, a exprimé sa « solidarité et sa compassion » aux familles des victimes.
« Nous exhortons notre jeunesse à renoncer définitivement à l’idée de l’immigration clandestine et à envisager son avenir ici, au Sénégal, où des opportunités existent dans le cadre des changements importants à venir« , a-t-elle déclaré sur ses réseaux sociaux. Plus de 22.000 migrants ont débarqué aux Canaries depuis le début de l’année 2024, soit plus du double par rapport à l’année précédente.
Fin août 2024, le Premier ministre espagnol en tournée en Afrique de l’Ouest, a annoncé la signature au Sénégal, en Gambie et en Mauritanie de nouveaux accords en faveur d’une migration régulée avec ces 3 pays. Ils mettent en place un cadre concerté d’entrée régulière sur le sol espagnol en fonction des besoins de main d’œuvre.
Lundi 09 septembre, en soirée, le Gouvernement gambien avait dit avoir appris « que des éléments sans scrupules ou des Agences étaient impliqués dans le recrutement illégal de Gambiens pour travailler en Espagne », hors du cadre de ces accords. « Le public est invité à s’abstenir de traiter avec ces personnes non autorisées et trompeuses, qui opèrent sans les licences gouvernementales requises », a déclaré dans un communiqué le porte-parole Ebrima G. Sankareh.
L’Ambassade d’Espagne en charge de la Gambie n’a pas souhaité réagir.
© Afriquinfos & Agence France-Presse