Cadavres de migrants africains en route vers l’Europe: Près de 50 corps repêchés ces derniers jours au Sénégal, des centaines de disparus

Afriquinfos Editeur
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Des secouristes portent un corps sur la plage de Ouakam, un quartier de Dakar, le 24 juillet 2023 après le naufrage d'une embarcation qui a fait au moins 14 morts.

Le Sénégal a fait face à un nouveau drame sur la route migratoire qui relie l’Afrique de l’Ouest aux Canaries: au moins 14 corps sans vie ont été retrouvés lundi matin, ce 24 juillet, au large de Dakar.

« Ce sont des migrants à priori« , a déclaré à l’AFP Samba Kandji, maire adjoint du quartier de Ouakam. Gendarmes et pompiers étaient sur une plage de ce quartier de la capitale, tout près de la mosquée de la Divinité, et continuaient lundi matin les opérations de secours à la recherche d’autres corps, a constaté un journaliste de l’AFP. « La marine a obligé l’embarcation à accoster et des gens se sont enfuis. Certains ont sauté mais ne savaient pas nager. On m’avait dit 14 (morts) mais après, il y a eu deux corps sortis. On peut présumer qu’il y a 16 » morts, a précisé à l’AFP quelques minutes plus tard S. Kandji.

– Corps repêchés –

Une embarcation en bois, à bord de laquelle se trouvaient les migrants selon plusieurs témoins sur la plage, flotte sur l’eau, près de la berge. Un journaliste de l’AFP a vu les sapeurs-pompiers repêcher un corps et le déposer sur une bâche sur la plage. Un pompier a assuré sous couvert de l’anonymat que les opérations de recherches avaient commencé à 01H00 locale et GMT.

Le nombre de personnes dans la pirogue n’est pas encore connu. Deux personnes vivantes ont été secourues, a indiqué un responsable de la gendarmerie. Quelques dizaines de badauds sur la plage regardent le déroulement des opérations. « C’est pénible tous ces morts qu’on voit« , estime l’un d’entre eux, Amndy Moustapha Sène, 23 ans, qui rêve de devenir footballeur professionnel.

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« Je rêvais d’aller en Europe parce que l’horizon est bouché ici. J’étais prêt à embarquer dans une pirogue mais maintenant, j’ai décidé d’émigrer par la voie légale quand l’opportunité se présentera. Je ne veux plus prendre une pirogue pour partir. Ça n’en vaut pas la peine« , assure-t-il. La route migratoire des Canaries, archipel espagnol et porte d’entrée vers l’Europe dans l’océan Atlantique, connaît ces dernières semaines un net regain d’activités au départ des côtes du nord-ouest de l’Afrique.

Plusieurs drames ont été recensés ces deux dernières semaines. Au moins treize migrants des environs de Dakar sont morts dans le naufrage de leur embarcation il y a environ une semaine au large du Maroc. Un autre bateau a chaviré à Saint-Louis, dans le nord du Sénégal, faisant au moins quatorze morts.

– Intensification des contrôles –

Jeudi 20 juillet en Conseil des ministres, le chef de l’Etat Macky Sall « s’est incliné devant la mémoire des personnes décédées, suite aux récents accidents relevés en mer ». Il a « demandé au Gouvernement d’intensifier les contrôles au niveau des zones et sites potentiels de départ, mais également de déployer l’ensemble des dispositifs de surveillance, de sensibilisation et d’accompagnement des jeunes » en renforçant les programmes publics « de lutte contre l’émigration clandestine« .

Des ONG font régulièrement état de naufrages meurtriers – dont les bilans non officiels se chiffrent selon elles en dizaines, sinon centaines de morts – dans les eaux sénégalaises, marocaines, espagnoles ou internationales. Les autorités au Sénégal et au Maroc ne communiquent pas ou très peu sur ces bilans difficiles à évaluer.

La marine marocaine a annoncé mardi 18 juillet avoir porté secours ces derniers jours à près de 900 migrants irréguliers, la plupart d’Afrique subsaharienne, dont 400 dans les eaux territoriales. Des opérations de recherches se sont aussi déroulées récemment en Espagne, pour retrouver des bateaux de migrants venant du Sénégal portés disparus et transportant plus de 300 personnes, selon l’ONG Caminando Fronteras.