"Le prix fixé par l'Etat 190 F (0,289 euro) ne couvrait pas nos coûts de production qui sont de 192 F le Kg, mais les nouveaux acteurs (chinois et indiens) nous proposent au de-là de 210 F le kilo (0,320 euro). Ce qui est une très bonne chose pour nous", a estimé Sidy Bâ, secrétaire général du Cadre de concertation des producteurs d'arachide (CCPA), dans un entretien avec Xinhua.
Selon des statistiques officielles, l'arachide, premier produit d'exportation après la pêche, occupe 40 % des terres cultivées au Sénégal. Les cultivateurs s'attendent à une production "exceptionnelle" estimé à 700.000 tonnes, compte tenu notamment de la bonne pluviométrie de cette année. Les années passées, ces paysans vendaient souvent à perte à cause du bas prix fixé par le gouvernement et des spéculateurs qui achetaient les graines en dessous du prix officiel, profitant du besoin d'argent frais des producteurs.
Cette année, la tendance s'est inversée. Avec la libéralisation de la filière, les paysans, qui n'avaient avant comme clients que les huileries locales, se tournent volontiers vers les acheteurs étrangers, chinois et indiens en particulier, qui proposent des prix 20% plus élevés que le cours officiel. Le succès est tel que le gouvernement sénégalais a décidé de fermer temporairement les frontières à l'exportation des graines pour protéger l'industrie locale de transformation.
Pour le ministre sénégalais de l'Agriculture et de l'Equipement rural, Abdoulaye Bibi Baldé, la présence des acteurs étrangers dans la campagne arachidière peut être une bonne chose. "Si la production est suffisante, il faut beaucoup d'acteurs qui achètent pour rendre le produit compétitif et rentable pour les producteurs", a-t-il soutenu.
Cependant a-t-il fait remarquer, cette présence d'étrangers peut être "une mauvaise nouvelle si la production n'est suffisante car elle "peut impacter négativement sur l'approvisionnement des industriels (nationaux) et puis empêcher la disponibilité suffisante de semences". Pour sa part, Sidy Bâ, secrétaire général du CCPA, également membre du Conseil national de Concertation et Coopération des Ruraux du Sénégal (CNCR) regroupant plus de 28 fédérations paysannes, trouve avantageux pour les paysans, l'arrivée d'acheteurs étrangers.
"Ils sont intéressés par notre production. Ils ont leur place, mais ils doivent investir dans la filière, accepter d'accompagner les producteurs, ne pas seulement se limiter à acheter la production et partir comme le faisait les autres qui les ont précédé dans la filière", a-t-il souligné. Il a ajouté que les acheteurs étrangers "doivent nouer des contrats de production avec les organisations paysannes à travers leurs plates-formes paysannes tel le CNCR ".
Selon lui, les perspectives du secteur arachidier "sont bonnes" et avec l'ouverture du marché aux étrangers, l'arachide deviendra "l'or du producteur qui va engranger de revenus qui lui permettrons de vivre dignement du fruit de leur travail".