Le phénomène dure depuis 2005, année de retour d'une pluviométrie normale voire excédentaire, qui a surpris en envahissant les zones naguère occupées par des lacs et des cours d' eau, qui s'étaient asséchées en raison de plusieurs années de sécheresse.
La banlieue de Dakar où s'étaient installés au fil des ans, sur ces sites inondables, quelque 300 000 personnes venant pour la plupart des régions sinistrées de la sécheresse, a été la plus touchée par les intempéries.
L'habitat précaire en ces endroits non lotis, sans système d' évacuation des eaux usées ou pluviales, a été le théâtre des premiers drames des inondations avec des enfants morts noyés, des adultes écrasés sous l'effondrement de leurs maisons, sans compter les victimes des morsures de serpents, de l'insalubrité et des moustiques.
L'urgence à l'époque était, pour les autorités, d'évacuer les eaux avec des motopompes, de loger provisoirement les sinistrés dans les écoles et de construire des ouvrages de drainage et des bassins de rétention, rappellent un habitant de la zone. Mais, toutes ces solutions se sont révélées précaires face à une pluviométrie plus forte que prévue, qui ne laissait aucun répit au sol déjà détrempé pour absorber le trop plein d'eau.
Résultat : des lacs, des étangs et même de petits ruisseaux se reforment dans ces quartiers envahis par des eaux stagnantes, devenues putrides et nauséabondes avec le temps.
Les gouvernements successifs ont tout essayé sans grands résultats : chaque saison des pluies vient ajouter sa part aux eaux qui stagnent au grand dam des populations.
"Ce matin, il y a eu une fillette de 13 mois qui a perdu la vie dans ces eaux. Ici, on patauge dans les eaux pour vaquer à nos occupations. Et dans ces eaux, il y a des serpents et autres danger", confie Abou Sall après les dernières pluies.
Cet habitant de Boune, dans la banlieue Dakar, qui n'a pas bénéficié des programmes de recasement des sinistres dans des logements sociaux construits par le gouvernement, se plaint du retard des secours, comme dans la plupart des zones inondées.
"Par le passé, en pareil moment, les stations de pompage des eaux étaient en marche. Mais, cette année, nous n'avons encore rien vu", fait-il remarquer.
Apparemment les mesures prises par le ministère créé spécialement pour lutter contre les inondations, n'ont pas encore eu les résultats escomptés. Elles ont commencé à être exécutées trop tard pour être opérationnelles : les ouvrages d'évacuation des eaux sont en cours de réalisation alors que la pluie s'est installée, déplore un homme politique.
Outre les maisons envahies par les eaux, les routes ravinées par les pluies et rendues impraticables, les activités de centaines de petits ateliers et commerces sont bloquées par les intempéries.
La mairie de Médina Gounass, dans la banlieue dakaroise, n'est pas épargnée. Ses deux bassins de rétention, édifiés pour lutter contre les inondations, ont débordé et les eaux ont envahi plus de trente maisons ainsi que la grande mosquée.
"Il y a partout de l'eau. Actuellement, personne ne peut accéder aux locaux de la mairie", déplore Amadou Fall, un conseiller municipal.
Pourtant, avec l'annonce par le gouvernement d'un programme décennal de quelque 700 milliards de FCFA (plus d'un milliard d' euros), une amélioration de la situation était espérée cette année. Mais, la réalisation des ouvrages de drainage des eaux (plusieurs kilomètres de canaux, des bassins de rétention et des exutoires) a pris du retard, comme l'a constaté le chef de l'Etat sénégalais, Macky Sall, en visant la semaine dernière les zones inondées.
Le président sénégalais a indiqué que la solution au fléau passera par une action "énergique en matière de restructuration et d'aménagement des zones d'inondation". Mais, cette solution structurelle ne pourra être réalisée qu'à moyen terme.
En attendant, une partie des sinistrés sera logée dans les quelque 2.000 logements sociaux qui doivent être livrés prochainement.