Sénégal: la CENA écarte les possibilités de fraude au second tour de la présidentielle

Afriquinfos Editeur
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Cette affirmation de M. Ndir intervient alors que des rumeurs et des allégations de fraude ont ressurgi à la veille de cette échéance électorale, comme au premier tour du scrutin organisé le 26 février dernier.

"Je ne vois pas comment, avec ce système de contrôle omniprésent et omnipotent, peut s'incruster une fraude possible", a déclaré l'ex-médiateur de la République et magistrat à la retraite, à la veille de ce scrutin au cours duquel plus de 5 millions d'électeurs sénégalais sont appelés à départager le président Abdoulaye Wade et son ex-Premier ministre Macky Sall.

Question : A la veille du second tour de l'élection présidentielle sénégalaise de 2012, y a-t-il la sérénité au sein de la Commission électorale nationale autonome pour la conduite de ce scrutin majeur?

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Réponse : Je pense que nous avons instauré un climat de collaboration empreinte de toute la tranquillité nécessaire pour le travail que nous devons exécuter. Ce travail de contrôle et de supervision, évidemment il faut avoir la tête bien sur les épaules. C'est ainsi que nous avons pu mettre en place tout le dispositif nécessaire sur l'ensemble du territoire national, également dans les 42 pays dans lesquels les Sénégalais doivent voter et dans ces pays nous avons des représentants qui s'assureront que le vote se déroulera dans les mêmes conditions de transparence et de régularité que celles qui prévalent à l'intérieur du territoire national, dans les 45 départements dans lesquels nous supervisons le vote de nos concitoyens. Nous avons une responsabilité très grande dont nous mesurons l'ampleur et c'est dans ce climat que nous pensons que l'expérience du premier tour aidant nous aborderons le deuxième tour en espérant toutes les chances de succès en ce qui concerne cette mission de contrôle et de supervision.

Q: Dans votre déclaration de vendredi à la presse, vous avez promis un scrutin juste et transparent. Des rumeurs et des allégations de fraude sont entendues ça et là. Pouvez-vous rassuré les électeurs sénégalais quant à la régularité du vote?

R: Nous, nous sommes là pour conjurer les possibilités de fraudes. Une élection doit être transparente, régulière et juste pour que les résultats ne puissent pas en être contestés. Nous avons donc cette mission de contrôle de la régularité du scrutin. Alors, notre premier rôle c'est de nous assurer qu'il ne peut pas y avoir de fraude dans le processus électoral. Dès l'instant que nous avons connaissance qu'une fraude peut éventuellement se produire, nous prenons toutes les mesures pour contrecarrer les actes de fraude possibles. C'est des mesures correctives que nous prendrons, mais avant de prendre des mesures correctives il faut d'abord que nous prenions des mesures préventives. Et les mesures préventives, nous les avons déjà prises.

Q: Quelles sont ces mesures préventives?

R: Nous avons communiqué très largement sur ces mesures préventives, notamment à l'occasion de la conférence de presse que nous avons donnée vendredi dernier. Nous les avons tirées de l'expérience du premier tour qui, à l'examen, a pu révéler quelques imperfections et quelques dysfonctionnements. Je donne un exemple : nous avons vu que les présidents de bureaux de vote ne contrôlaient pas suffisamment les doigts des électeurs pour voir s'il y avait l'encre indélébile ou pas. Nous avons également pu voir qu'il n'y avait suffisamment pas d'accent sur le fait qu'il fallait vérifier que les électeurs prenaient ostensiblement les bulletins de vote existants. Donc, ce sont des mesures préventives pour conjurer les fraudes. Cela dit, il y a d'autres manifestations de fraudes qu'on a entendues par ci et par là. La presse s'est fait l'écho de bureaux fictifs. Moi je ne sais pas ce que c'est qu'un bureau fictif. On parlait d'un million de cartes d'électeur imprimées clandestinement. Est-ce que les détenteurs de ces cartes peuvent s'en servir dans les bureaux de vote? Je ne le crois pas, parce qu'il faut nécessairement procéder à des émargements sur les listes électorales. Des fois, on a l'impression que c'est des déclarations comme ça à l'emporte-pièce des états-majors politiques, mais en réalité quand on regarde ça ne traduit pas toujours les faits.

Q: Pour être précis, écartez-vous les possibilités de fraude?

R:: Les moyens de conjurer les fraudes sont tellement vastes, avec les observateurs, la présence des mandataires des candidats dans les bureaux de vote, la présence des contrôleurs de la CENA dans tous les bureaux de vote que les craintes de fraude doivent être, à mon avis, relativisées. Je ne vois pas comment, avec ce système de contrôle omniprésent et omnipotent, peut s'incruster une fraude possible. Les fraudes sont généralement tentées, je pense, quand les états-majors veulent coûte que coûte gagner une élection, ils essaient de se mettre toutes les chances de leur côté en ayant recours à des procédés des fois qui ne sont pas lucides. Mais en réalité, nous avons un système au Sénégal qui implique la participation de tout le monde : les scrutateurs, les mandataires des partis politiques, la CENA, les observateurs. Un système qui me semble tellement bien huilé qu'il ne me paraît pas possible qu'il puisse y avoir des fraudes. En tout cas, s'il y a des fraudes, elles n'auront pas l'ampleur qui pourrait inverser les tendances de vote.

Q: La situation sécuritaire en Casamance appelle une réflexion, surtout avec ce qui s'est passé au premier tour en ce concerne notamment l'attaque d'un camion transportant du matériel que vous aviez vous-même annoncé à la presse. Quel dispositif de contrôle et de supervision du scrutin y avez-vous mis en place?

R: C'est difficile à gérer cette situation en Casamance. Cette situation, il faut la regarder dans le cadre plus général des problèmes de sécurité qui prévalent dans la région depuis déjà une trentaine d'années. Mais, les pouvoirs politiques vont prendre les mesures nécessaires, notamment avec le déploiement des forces armées qui vont venir un peu sécuriser la zone. Les bureaux de vote fonctionneront plus ou moins, dans la mesure où les populations iront peut-être voter, celles qui sont les moins terrorisées. Les populations terrorisées resteront chez elles. Heureusement que le vote n'est pas obligatoire au Sénégal. Ceux qui voudront voter, iront voter. Ceux qui, par crainte de recevoir des coups ou des balles perdues, seront peut-être perméables aux menaces qui sont dans l'air et s'abstiendront d'aller voter. Mais les pouvoirs publics sont suffisamment conscients de la situation et prendront des mesures pour permettre au maximum de Sénégalais de voter. Ils vont faire un déploiement de forces armées suffisamment dissuasif pour permettre aux Sénégalais de pouvoir voter en toute tranquillité.