Sénégal : Une campagne mouvementée pour les responsables du régime sortant

Afriquinfos Editeur
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Plusieurs d'entre eux ont été convoqués, puis interrogés pendant de longues heures par les institutions judiciaires, avant d'être relâchés.

La dernière audition en date est celle de l'ancien ministre de l'Intérieur Ousmane Ngom. Responsable du Parti démocratique Sénégalais (PDS), Ngom a été cueilli mercredi dernier par les éléments de la gendarmerie en pleine campagne électorale à Kolda ( au sud du pays) et acheminé vers Dakar où il a été entendu pendant des heures par la brigade de recherches de la gendarmerie. Libéré jeudi, l'ancien ministre de l'Intérieur est convoqué à nouveau lundi, d'après la presse locale.

L'on assiste depuis bientôt un mois à un défilé des responsables (ministres, directeurs de société, sénateurs etc.) de l'ancien régime devant la gendarmerie, la Division des Investigations criminelles (DIC) ou le procureur, dans le cadre d'une enquête sur biens mal acquis.

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Le premier de la liste a été le président du Sénat, Pape Diop, tête de liste de la Coalition Bookk Guis Guis (fraction dissidente du Pds).

L'interrogatoire portait sur son patrimoine, a confié Diop à sa sortie d'audition. Et le président du Sénat dit avoir expliqué aux enquêteurs qu'il possédait des immeubles avant l'alternance qui avait porté le président Wade au pouvoir en l'an 2000).

"Je me suis enrichi avant l'alternance. Tout ce que j'ai est licite. Je ne fais pas partie de ceux qui n'avaient pas de voitures ni de ceux qui n'avaient pas de villas et qui étaient locataires, à la veille et même durant les premières années de l'alternance", a-t-il fait savoir.

L'ancien président du Conseil de la République pour les Affaires économiques et sociales, Mbaye Jacques Diop a aussi répondu aux questions des enquêteurs sur un dossier relatif de présumé blanchiment d'argent qui porterait sur un montant de 2 milliards de francs CFA. Il est reparti libre après audition.

D'anciens directeurs de sociétés comme celui du Conseil sénégalais des Chargeurs (COSEC), Amadou Kane Diallo, le président du Conseil d'administration ainsi que le la directrice administrative du COSEC, tous membres du PDS, ont été entendus. Et la liste est loin d'être close car la presse locale annonce encore la poursuite des auditions d'autres barrons du régime sortant.

Mais les opposants y voient une campagne électorale déguisée pour faire pression sur les électeurs.

"Ces interpellations ne peuvent rien changer de notre campagne électorale. Au contraire, elles ne susciteront que motivation chez nos militants", déclare la responsable des femmes libérales, Awa Diop.

Quant à Ousmane Ngom, il parle de "tentative d'instrumentalisation de la justice pour régler des comptes et pour faire croire à l'opinion qu'il y a des choses à reprocher à des gens de l'ancien régime".

"Faux", rétorque le secrétaire général du gouvernement, Seydou Guèye. Selon lui les autorités judiciaires sont dans le cadre de cette enquête à la recherche d'informations. Et, dit-il, "toute personne susceptible de concourir à la manifestation de la vérité doit en répondre".

Le nouveau gouvernement a décidé de faire la lumière sur la gestion de l'ancienne équipe notamment sur certains dossiers importants "en vue d'attirer les investisseurs étrangers".

"Nous pensons que si nous voulons nous inscrire vers une bonne gouvernance économique, si nous voulons encourager les investisseurs à venir investir au Sénégal, il faut effectivement que la clarté se fasse sur des dossiers importants de gestion opaques (de l'ex-régime)", avait déclaré la ministre de la Justice Aminata Touré à la télévision publique sénégalaise.

La Cour de répression de l'enrichissement illicite a été réhabilitée pour poursuivre les détourneurs de dernier public.

Dans cette traque des biens mal acquis, plusieurs véhicules de l'Etat détenus par les responsables du régime sortant ont été récupérés, selon la présidence de la République.