Pour désamorcer la bombe sociale, le président de la République, M. Macky Sall, a pris, depuis son arrivée au pouvoir, plusieurs mesures de baisse des prix des denrées de première nessecité comme l’huile, le sucre, le riz, le lait, le gaz etc…
Des baisses jugées insuffisantes par rapport aux hausses de prix opérées par le régime du président Abdoulaye Wade mais salutaires pour l'amélioration du pouvoir d’achat et des conditions de vie des Sénégalais.
Hélas, depuis lors, c’est-à-dire depuis un an et demi, ces nouveaux tarifs ne profitent qu'aux commerçants, les consommateurs continuant d’acheter ces denrées aux anciens prix, c’est-à-dire ceux pratiqués avant la seconde Alternance de 2012.
En effet, les poches de résistance sont nombreuses dans certains quartiers où des boutiquiers rechignent à appliquer les nouveaux tarifs du sucre, du lait, du riz et du gaz. Surtout, le plus déplorable dans ce pays, c’est le fait que ce sont les boutiquiers étrangers qui dictent la loi des prix. Et surtout les ressortissants guinéens qui contrôlent le commerce de détail à travers les boutiques de quartier.
Certes, ce sont des hotes étrangers qui vivent parmi nous où ils sont les bienvenus et parfaitement intégrés. Et Dieu sait qu’ils vivent en toute liberté dans nos quartiers comme des Sénégalais à part entière. Malheureusement, les boutiquiers guinéens n’ont aucun esprit civique pour accompagner l’Etat dans sa politique sociale. Au contraire, ils plombent toutes les mesures sociales visant à baisser les prix des denrées de première nécessité.
Les nouveaux prix fixés par le ministre du commerce, M. Alioune Sarr, les boutiquiers « peulhs » n’en ont cure ! Pis, ils ont augmenté les prix du lait, du riz, du gaz etc… Et surtout dans les quartiers résidentiels comme Sacré-Cœur, Mermoz, Fann et autres où ils étranglent les consommateurs qu’ils qualifient de « nantis ». Par exemple, le sachet du lait 500 grs fixé offciellement à 1400 fcfa est vendu à… 1.700 fcfa à Sacré-Cœur 3 et à Fann-Résidence. La bouteille de gaz de butane (12 kg) officiellement fixée à 7.905 cfa est frauduleusement vendue entre 8.000 fcfa et 8.500 fcfa.
Informé de cette hausse exagérée, M. Oumar Diallo, le chef du service régional du commerce de Dakar, a piqué une grosse colère avant de mener une opération de contrôle de grande envergure. Ainsi, toute une semaine durant, les agents du contrôle économique ont investi certains quartiers résidentiels où plusieurs boutiquiers « peulhs » ont été épinglés pour hausse illicite des prix. Ce qui est le plus grave, c’est que la plupart des boutiquiers sont des récidivistes qui ne comptent guère se plier aux lois et règlements du pays. Cet état de récidive s’explique par une absence de répression pénale dès lors que les compétences des agents de contrôle se limitent aux saisies de marchandises et à infliger des amendes.
Respecter les lois et usages d'un pays d’accueil ne signifie pas accepter tout sans broncher. Mais de là à choisir de les violer allègrement ! Une chose est sûre : les commerçants guinéens font des affaires en or au Sénégal. A preuve, les transferts d’argent officiellement déclarés entre le Sénégal et la Guinée-Conakry sont estimés à plus de 200 milliards fcfa / an sans compter les fuites de capitaux à travers les frontières.
Dans ces conditions, est-ce trop demander aux commerçants guinéens de se plier aux lois et règlements établis par leur pays d’accueil ? Surtout quand ces lois et règlements visent à améliorer la vie sociale de tout un peuple y compris ses hotes étrangers.
Malheureusement, le Sénégal n’est pas comme le Gabon, la Guinée-Équatoriale, la Mauritanie, la France, le Maroc et les Usa où les gouvernements obligent rigoureusement les étrangers à s'adapter aux lois du pays. Une chose est sûre, si le procureur de la République s’autosaisissait contre les commerçants récalcitrants pour les arrêter et les renvoyer devant un tribunal de flagrants délits, l’application des nouveaux tarifs serait vite effective.
Car il y a des moments où seule l’arme pénale peut pousser les hors-la-loi à respecter les règlements ainsi que les prix des denrées de première nécessité.
Pape Ndiaye
Le Témoin, hebdomadaire sénégalais
Édition N° 1137 ( SEPTEMBRE 2013)