Sénégal : Alternance ou reconduction, enjeu du scrutin à l’issue incertaine

Afriquinfos Editeur
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L'enjeu de ce second tour, le deuxième que vit le Sénégal après celui de 2000 qui avait porté l'opposant d'alors Abdoulaye Wade au pouvoir au détriment d'Abdou Diouf, est soit un troisième mandat de sept ans pour le président sortant, soit une nouvelle alternance.

L'issue du combat entre le président et son ancien numéro-deux paraît incertaine, selon les analystes. Même si M. Sall peut se prévaloir du soutien de tous les 12 candidats éliminés au premier tour, ainsi que de plusieurs associations de la société civile, dont celle de la star de la chanson Youssou Ndour.

Compte tenu des résultats obtenus par tous les opposants au président Wade au premier tour, soit 62% des suffrages, M. Sall est mathématiquement le mieux placé pour remporter la présidentielle si le report des voix se fait normalement.

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Mais, à ce premier tour, il y a eu beaucoup d'abstentions, puisqu'un électeur sur deux n'a pas voté, du fait des manifestations violentes qui avaient fait au mois sept morts et du climat tendu qui avait précédé le scrutin.

Dans leurs analyses du vote, les partisans du président Wade estiment que ces abstentions ont empêché l'élection de leur candidat dès le premier tour. Ils espèrent, tout comme le président sortant, que les abstentionnistes vont leur permettre d'inverser la tendance.

Au cours de la campagne, M. Wade s'est évertué à inciter les électeurs hésitants à voter et à briser l'unité de l'opposition autour de Macky Sall pour que les reports de voix soient en sa faveur.

Il a cherché parallèlement à obtenir des chefs des puissantes confréries musulmanes des consignes de vote en sa faveur, avec un succès mitigé, car seuls trois marabouts de moindre influence ont accédé à sa demande.

Les analystes politiques ne manquent de relever les points faibles du président Wade. Selon eux, l'usure du pouvoir après deux mandats successifs de douze au total, le chef de l'Etat sortant a été abandonné par des personnalités de premier plan de son parti, notamment ses anciens Premiers ministres Idrissa Seck et Macky Sall, devenus des opposants irréductibles.

Il s'y ajoute les luttes intestines au sein de son propre parti, le Parti démocratique sénégalais (PDS), qui lui ont fait perdre la plupart des grandes villes, dont Dakar, lorsque des dernières élections locales de 2009.

En outre, la mise au devant la scène du fils du président, Karim Wade, à la tête d'un super ministère, est critiquée aussi bien au sein du PDS que de l'opposition qui soupçonne le président Wade de vouloir lui céder le pouvoir après avoir été élu.

Autre point faible du pouvoir de M. Wade, qui devrait lui coûté des voix: la demande sociale exprimée en termes d'augmentation du chômage, surtout des jeunes, et d'augmentation du coût de la vie.

Enfin, l'âge du président Wade, 85 ans, constitue un handicap même si l'homme garde, selon des partisans, toutes ses facultés physiques et intellectuelles.

A la mi-journée, le scrutin se déroulait dans le calme en général dans les 45 départements du pays, à l'exception d'incidents sans gravité devant un bureau de Dakar où devait voter M. Wade.

Pour sa part, Macky Sall, qui a voté à Fatick (centre-sud) dont il est le maire, a salué la mobilisation des Sénégalais est la preuve, selon lui, de leur maturité et de leur choix irréversible pour la démocratie.

L'élection sénégalaise est suivie par des centaines d'observateurs d'organisations internationales, comme l'Union européenne, l'Union africaine, la CEDEAO et l'UEMOA.

La clôture du scrutin est prévue à 18h00 et les premières tendances pourraient être disponibles une à deux heures après, à partir des radios locales qui donnent en direct les résultats affichés dans les bureaux de vote.