Près d'un mois après sa prise de fonction à la tête de la Banque Africaine de Développement, Adésina Akinwumi veut concrétiser son rêve sur l'agriculture exposée dans son discours prononcé à Abidjan lors de sa prise de fonction le 1er septembre 2015. «L’Afrique doit se nourrir elle-même», avait soutenu le nouveau président de l’institution panafricaine. M. Akinwumi soulignait qu'il était inconcevable qu'un continent avec d'abondantes terres, de l'eau, une réelle diversité de ses ressources agro-écologiques et un climat favorable, puisse souffrir de malnutrition et soit importateur net de produits alimentaires.
Le nouveau président de la BAD avait donc appelé à penser différemment en développant l'agriculture comme une entreprise, pour qu'elle devienne un secteur qui crée des richesses. Pour le Dr Adesina, «ce n'est qu'en transformant rapidement son secteur agricole que l'Afrique pourra répondre aux besoins alimentaires croissants de sa population, augmenter les revenus de ses millions d'agriculteurs et créer les emplois nécessaires pour sa jeunesse».
Eradiquer la pauvreté et la faim en Afrique
Cette conférence dakaroise constituera donc selon le représentant résident de la Banque Africaine de Développement au Sénégal, Mamadou Lamine, qui a annoncé l’évènement, le fer de lance d’une nouvelle ère africaine. Pour les responsables de la BAD, cette conférence arrive à point nommé car elle répond aux attentes de trois Objectifs de Développement Durable (ODD) du nouvel agenda de développement post-2015. Notamment l'éradication de la pauvreté dans toutes ses formes, l'élimination de la faim, l’assurance de la sécurité alimentaire, l’amélioration de la nutrition et la promotion de l'agriculture durable.
Et le choix du Sénégal n’est pas anodin. Pour les responsables de la Banque continentale, Dakar est compétente pour organiser cette Conférence de haut niveau car le leadership en Afrique et dans le monde s’appuie sur lui. A cela, s'ajoute l'expérience du Sénégal, ses approches innovantes et les progrès réalisés dans le secteur agricole qui font du pays «une source d'inspiration», selon ces derniers. Pour l’occasion des chefs d'État, des Ministres, des gouverneurs de Banque, des institutions de développement, des chefs d'entreprises, des organisations paysannes, le monde universitaire et la société civile sont donc attendus.
A terme, les participants doivent élaborer un Agenda pour la transformation agricole de l'Afrique et dégager des mesures concrètes appelées à être exécutées sans délai, pour amener rapidement les pays africains à diversifier leurs économies et à relever les défis alimentaires et nutritionnels du continent. A ce jour, selon des données fournies par la BAD, l’agriculture assure la subsistance de 80% de la population africaine, et emploie près de 60% des Africains économiquement actifs qui génèrent 63% des revenus des ménages ruraux.
Larissa AGBENOU