Dengue, lèpre, trachome, dracunculose sont entre autres, les maladies tropicales négligées qui menacent 1,5 milliards de personnes issues des couches sociales défavorisées. Face à cette menace, l’Oms excite ces pays à plus d’engagement. Car, selon l’organisation, les dépenses que le traitement de ces pathologies peut engendrer, ne représentent qu’une infime partie de leurs budgets.
«Une augmentation des investissements de la part des gouvernements nationaux peut permettre de soulager la misère humaine, de répartir plus équitablement les profits et de libérer les masses condamnées depuis longtemps à la pauvreté », a déclaré Dr Margaret Chan, Directeur général de l’Oms. Une déclaration qui s’avère évidente si on s’en tient à certains chiffres. Le rapport note que la lutte contre ces maladies ne va pas alourdir davantage les enveloppes consacrées à la santé pour les pays à faible ou revenu intermédiaire. Les dépenses représenteraient à peine 0,1% du budget sur la période 2015-2030.
Des résultats significatifs
L’Organisation mondiale de la santé relève des progrès probants. Environ 800 millions de personnes ont été guéries pour avoir reçu un traitement lié à une des maladies tropicales négligées. Ceci pour le compte de l’année 2012 seulement. Ces avancées sont à mettre à l’actif des programmes de lutte en faveur des populations les plus touchées.
Des avancées notables appuyées par les chiffres suivants. De 1800 cas de dracunculose enregistrés en 2010 dans les pays tels que, Ethiopie, Mali, Tchad et Soudan du sud, il y a eu seulement 126 nouveaux cas décelés en 2014. Alors que dans les années 80, le nombre de patients était estimé à 3,5 millions. De quoi rester optimiste car l’élimination de cette maladie n’est qu’une question d’investissement.
Egalement, l’Oms a noté l’éradication de l’onchocercose (2013 pour la Colombie) et (2014 pour l’Equateur). Il faut noter que les chiffres des nouveaux cas de la maladie du sommeil ont diminué de 10000 par an. En 2013, seuls 6314 cas ont été détectés. Des résultats satisfaisants ont été enregistrés au Bangladesh et au Népal. Toutefois, tel n’est pas le cas pour la dengue présente dans 150 pays et est en progression effroyable.
Le changement climatique en est le véritable facteur. Il induit de nouveaux défis auxquels des pays sont confrontés notamment la transmission de certaines maladies par les insectes qui est due à l’urbanisation. Pour cela, l’organisation mondiale appelle à la vigilance face à l’urbanisation rapide et anarchique des villes qui entraînent des mouvements des populations et des changements dans l’environnement. En conséquence, « certaines des maladies tropicales négligées ne sont plus exclusivement tropicales », fait-elle observer.
Des dépenses maitrisables et des notes d’espoir
Le rapport estime qu’il faut prévoir 34 milliards de dollars (dons de médicaments et autres ne sont pas inclus) étalés sur 16 ans pour éradiquer ces maladies tropicales négligées. Mais pour le compte de la période de 2015-2020, il faut mobiliser 2,9 milliards de dollars par an. Les dépenses qui, progressivement diminueront car, les chiffres seront revus à la baisse pour les dix ans à venir (1,6 milliards de dollars par an).
L’Oms se montre optimiste pour les prochaines années. 1,5 milliards de personnes devraient bénéficier d’au moins un traitement préventif sur les 17 maladies tropicales négligées. Ici aussi selon les projections, leur nombre devrait logiquement décroître si les investissements se suivent régulièrement.
«Davantage d’enfants pourront poursuivre leur scolarité, les adultes pourront continuer à travailler et les coûts associés au traitement de ces maladies à un stade plus avancé baisseront », croît l’organisation mondiale qui mise sur la détection précoce des symptômes de ces maladies tropicales. Le rapport fait remarquer que plus de 70 pays ont d’ores et déjà commencé à mettre en place des stratégies préventives. Il s’agit des plans nationaux qui ont pour objectif l’éradication complète de ces pathologies.
Anani GALLEY