Sahel central: Des djihadistes continuent de frapper la zone des trois frontières…

Afriquinfos Editeur
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Les "trois frontières" au Sahel.

Les violences attribuées aux jihadistes ont de nouveau endeuillé le Niger: des dizaines de villageois ont été tués vendredi (20 juin) près des frontières du Burkina et du Mali, au lendemain d’une attaque qui avait fait 34 morts dans ce bastion des groupes armés liés à Al-Qaida et l’Etat islamique.

Ce pays, gouverné par une Transition militaire depuis près de deux ans, est la cible d’attaques jihadistes récurrentes dans l’ouest et le sud-est, depuis 2015. « On estime à des dizaines le nombre de morts dans cette attaque contre des villageois qui assistaient le soir du vendredi 20 juin à un prêche musulman dans la localité de Manda » (sud-ouest) », a indiqué un habitant de cette zone sous couvert d’anonymat. « Le drame est survenu à l’occasion d’un prêche. Le bilan est lourd mais on attend la constatation des autorités locales pour avoir une estimation précise », a confirmé un autre habitant.

Une attaque de jihadistes présumés a tué au moins 17 soldats au Niger avant une réunion militaire ouest-africaine cruciale.

Selon une association de jeunesse locale qui souhaite rester anonyme, des « blessés et rescapés de la tragédie se trouvent actuellement à Téra », chef-lieu du département. Manda se situe dans la région de Tillabéri située dans la zone dite des « trois frontières », aux confins du Niger, du Mali et du Burkina Faso, où les groupes jihadistes sont très actifs. Une source sécuritaire nigériane, pays voisin du Niger, a fait état de « 71 villageois massacrés par les terroristes dont quatre fils du chef du village, et des maisons entières brûlées par les assaillants ».

« Très peu de villageois ont réussi à s’échapper en feignant leur mort sous des piles de cadavres », a-t-elle ajouté. Elle dit également suspecter le groupe Etat islamique. Selon elle, aucune « mission de sauvetage n’a été conduite dans la zone par les éléments des FDS (Forces de défense et de sécurité) ». Mais selon une des sources locales interrogée lundi, 23 juin, l’Armée était déployée dans les environs du village.

Les militaires ne se rendent pas toujours immédiatement sur les zones d’attaques, pour éviter les embuscades des groupes jihadistes. Lundi après-midi, les autorités nigériennes n’avaient pas encore communiqué sur l’attaque.

– Précédents massacres –

D’autres massacres de civils dans des circonstances similaires, après la grande prière du vendredi, ont été revendiqués par le passé par les jihadistes du groupe Etat islamique, actifs dans cette zone. Dans le même départment de Téra, 44 civils avaient été tués le 21 mars dernier par « les terroristes de l’EIS » (Etat islamique au Sahara), avait annoncé le ministère nigérien de l’Intérieur, alors qu’ils priaient dans une mosquée à Fambita.

Jeudi dernier, 34 soldats nigériens ont été tués lors d’une attaque menée par « plusieurs centaines » d’hommes armés contre la ville de Banibangou, dans le nord-est de Tillabéri, proche du Mali, d’après l’Armée. Dans l’immense région désertique de Tillabéri, l’Armée mène deux importantes opérations antijihadistes, Almahaou et Niya. L’Armée nigérienne a récemment affirmé avoir « neutralisé (tué) 13 terroristes » entre le 8 et le 14 juin sur des sites aurifères illégaux à Teguey, dans le département de Téra.

Le Niger et ses voisins, le Burkina Faso et le Mali, également dirigés par des militaires et réunis au sein d’une Confédération, l’Alliance des Etats du Sahel (AES), ont annoncé en début d’année 2025 la formation d’une force unifiée de 5.000 hommes contre les « groupes terroristes ». Les ministres de la Défense des trois États se sont réunis mi-juin à Bamako, où ils ont notamment « évalué les opérations conjointes réalisées » et « adopté le mécanisme de partage de renseignements militaires », a déclaré dimanche soir à la télévision publique nigérienne le ministre de la Défense du Niger, le général Salifou Mody.

Ces dernières années, les trois pays qui revendiquent une politique souverainiste ont également mis dehors les Armées française et américaine, qui luttaient avec eux contre le jihadisme. 


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