Michaëlle, je t’aime moi non plus
La nouvelle présidente bien que d’origine africaine ne fait pas l’unanimité. Elle a été diversement accueillie. «Le consensus n’a pas été évident et le groupe a failli aller jusqu’aux votes pour trouver un nouveau secrétaire général. Finalement, il a fallu que les six chefs d’Etat et de gouvernements les plus impliqués dans cette affaire, dont Denis Sassou-Nguesso, le Premier ministre canadien, Stephen Harper, François Hollande, Macky Sall, Pierre Nkurunziza du Burundi et le président mauricien Kailash Purryag, se concertent pendant plus d’une heure pour trouver un consensus, qui semble-t-il n’aura pas enchanté tout le monde », relève le quotidien sénégalais Walf fadjri.
Sur cette nomination, le site gouvernemental togolais, republicoftogo y est allé avec un brin d’ironie. « Jean en étais sûr ». Le journal en ligne actuniger voit dans cette nomination une imposition du président français François Hollande. « Parmi les autres candidats figuraient Henri Lopès, ancien Premier ministre de la République du Congo, Jean-Claude de l'Estrac, natif de l'île Maurice et Pierre Buyoya, ancien président du Burundi.
Fidèle au souhait du président François Hollande d'en finir avec la "Françafrique", Paris a refusé de soutenir officiellement un candidat, affirmant jusqu'au bout qu'il se conformerait au consensus trouvé par les Etats membres ».
Par contre, La Tribune au Sénégal voit dans cette élection une aube nouvelle pour l’Afrique. « La Francophonie a encore besoin de plus d’ouverture pour ne pas être laissée en rade dans un contexte mondial en perpétuels mouvements. L’ancienne gouverneure générale du Canada suscite beaucoup d’espoirs et d’enthousiasme».
En marge de cette élection historique (c’est la première fois qu’une femme est nommée Secrétaire générale de la francophonie), c’est le président français qui a agacé par ses propos, les présidents africains sur leurs velléités de s’incruster au pouvoir. Les Dépêches de Brazzaville a sévèrement taclé le président français à cet effet. «Visant des pays comme le nôtre, sans oser le dire ouvertement, François Hollande s’est permis d’exprimer l’idée saugrenue selon laquelle on ne doit en aucun cas changer ou modifier la Constitution qui régit les nations africaines ».
Pour le journal, c’est « Une faute d’autant plus grave, que la question en débat actuellement au Congo ne porte ni sur le nombre, ni sur la durée des mandats présidentiels, mais sur l’adaptation des institutions de la République aux réalités de ce temps. Elle prouve, conclut le quotidien congolais, que l’Élysée est mal informé et, ce qui apparaît beaucoup plus grave, demeure aveugle et sourd aux réalités africaines présentes. »
Même son de cloche au niveau de guinéeconakry.info. « Le président français, alors qu’il s’était relativement tu pendant que la situation pourrissait au Burkina Faso, a essayé de se rattraper, en mettant en garde les dirigeants africains qui caressent le rêve de modifier leurs constitutions respectives. Ce qui a donné de lui l’image d’un dirigeant continuant à incarner un certain paternalisme colonialiste. Le journal poursuit dans sa diatribe. « Alors qu’au même moment, il ne rassurait pas les peuples qui voient davantage dans ses déclarations une tentative de récupération opportuniste des révolutions populaires ».
Anani GALLEY