Bogota (© 2022 Afriquinfos)- En août 2022, les résultats de l’élection présidentielle en Colombie rentraient dans l’histoire. Pour la première fois, Gustavo Petro, un ancien guérillero est devenu le tout premier Chef d’Etat de gauche du pays. Mais surtout, Francia Marquez sa colistière, est devenue la première Vice-présidente noire de Colombie. Dans un pays où le pouvoir est traditionnellement détenu par une élite blanche fortunée, cela a du mal à passer. En témoigne les multiples attaques racistes dont est victime la dirigeante afro-descendante. Dont la plus récente lundi dernier, lors d’une manifestation de l’opposition.
Mère célibataire, ancienne femme de ménage et orpailleuse, Francia Marquez détonne dans le paysage politique colombien. Et pas qu’un peu. Cette native de Yolombo dans l’Etat de Cauca, l’une des régions les plus pauvres et les plus rurales du pays, n’appartient évidemment pas à l’establishment politique et social local. Cerise sur le gâteau, la célèbre activiste écologique est Noire, dans un pays où les institutions sont séculairement aux mains de l’élite urbaine, riche et blanche. Un cocktail qui ne plaît pas à tout le monde.
Francia Marquez a été tout le long de son engagement écologique et dès ses premiers pas en politique, la cible de menaces de mort, de tentatives d’assassinat et d’insultes racistes. C’était encore le cas lundi dernier, lors d’une manifestation de l’opposition contre des projets de réformes du président Gustavo Petro. Dans une vidéo devenue virale, de nombreux manifestants comparaient Francia Marquez à un ‘’singe’’ au milieu d’autres insultes racistes et de menaces de mort.
Des agissements aussitôt dénoncés par le Président Petro : ‘’Cette haine raciste est irrationnelle (…) mais ils en font de la politique’’, a-t-il déploré dans un tweet. Sa Vice-présidente a quant à elle regretté ‘’ le racisme (qui) blesse ceux qui en souffrent. Mais qui, surtout, met en lumière la nécessité d’œuvrer pour l’égalité en Colombie’’.
La femme de 40 ans qui ne veut surtout pas que son accession au pouvoir soit prise comme un symbole, ne s’est jamais laissée abattre par ces attaques et veut exercer ses fonctions à fond: « Je ne suis pas ici pour être montrée comme un visage noir, ou pour me montrer comme une femme, ou simplement pour montrer que nous sommes un gouvernement inclusif », déclarait-elle lors d’une interview en juin 2022.
Suite aux incidents de lundi dernier, le parquet a annoncé l’ouverture d’une enquête. En Colombie, les actes de ‘’racisme ou de discrimination’’ sont passibles de peines allant jusqu’à 4 ans de réclusion criminelle.
Boniface T.
