Religion : Le pape François invite les prêtes à pardonner l’acte de l’avortement à l’occasion du jubilé de la miséricorde

Afriquinfos Editeur
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Depuis son élection en mars 2013, François entend donner de l’Eglise catholique une image plus ouverte et tolérante sur les questions de société. Au début de l’année,  le pape François avait déjà mis en avant, la notion de miséricorde, sur la question de l’avortement pour éviter aux chrétiens qui le pratiquent  de  rester en posture de condamnation.

 En effet, selon le droit canon de l’Eglise, l’avortement est un péché si grave que ceux qui le pratiquent ou aident à le pratiquer sont automatiquement punis d’excommunication.

 Le prélat saisit donc l’occasion du jubilé pour autoriser  «tous les prêtres, à absoudre du péché d’avortement tous ceux qui l’ont provoqué».

Dans cette lettre, François exprime son empathie à l’égard de ces personnes. «Le drame de l’avortement est vécu par certains avec une conscience superficielle, qui semble ne pas se rendre compte du mal très grave qu’un tel acte comporte. Beaucoup d’autres, en revanche, bien que vivant ce moment comme un échec, considèrent ne pas avoir d’autres voies à parcourir», écrit il.

«Je pense à toutes les femmes qui ont eu recours à l’avortement. Je connais bien les conditionnements qui les ont conduites à cette décision. Je sais qu’il s’agit d’un drame existentiel et moral. J’ai rencontré de nombreuses femmes qui portaient dans leur cœur la cicatrice de ce choix difficile et douloureux. Ce qui a eu lieu est profondément injuste», a estimé le prélat, expliquant sa décision.

Cependant, le saint père pose une condition à cette grâce : le bénéficiaire de ce pardon doit faire preuve d’une sincère repentance. Pour ces femmes, « le pardon de Dieu à quiconque s'est repenti ne peut être nié »,  d'autant plus, si celles-ci demandent à recevoir le sacrement de confession, souligne le pape.

Pour le porte-parole du Saint-Siège, Federico Lombardi, cette déclaration ne revient pas à «minimiser la gravité de ce péché mais à élargir la possibilité de clémence ».  Car, l’interruption volontaire de grossesse ne peut être d’ordinaire formellement pardonnée que par un évêque, par le principal confesseur du diocèse, ou par un missionnaire, selon les explications du porte-parole adjoint du Vatican, Ciro Benedettini.

En plus de personnes qui ont pratiqué l’avortement, François a également pensé aux prisonniers et aux personnes âgées. «Ces personnes détenues, dans les chapelles des prisons, pourront obtenir l’indulgence, à chaque fois qu'elles franchiront la porte de leur cellule en adressant une prière à Dieu», a déclaré le pape qui a également réclamé une amnistie pour les détenus repentants, comme l'avait fait son prédécesseur Jean Paul II à l'occasion du Jubilé de l'an 2000.

Conformément à la tradition constante des Jubilés, les croyants doivent normalement accomplir un court pèlerinage qui les fait franchir une porte sainte d'une cathédrale ou d'une église jubilaire, afin de voir leurs fautes effacées.

Lors du deuxième anniversaire de son élection, le 11 mars, le pape François avait annoncé la tenue d’une année sainte extraordinaire, du 8 décembre prochain au 20 novembre 2016. Elle verra affluer des millions de pèlerins à Rome, mais sera aussi organisée dans tous les diocèses du monde.

A moins qu’il soit décrété «extraordinaire», le jubilé, l’un des événements les plus importants de l’Eglise catholique, a lieu tous les vingt-cinq ans. Le Jubilé de la miséricorde sera le 29e jubilé en sept cents ans d’histoire de cette tradition.

Larissa AGBENOU