Recette de l’UA pour atteindre une indépendance africaine en matière d’utilisation de fertilisants agricoles!

Afriquinfos Editeur
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Nairobi (© 2024 Afriquinfos)- Il urge d’apporter une attention et une action proactives de la part de tous, et d’entamer une gestion efficace de la santé des sols, afin de mettre un terme à la dégradation des sols en Afrique ayant atteint un seuil, selon l’Union Africaine (UA).

La Commission de l’Union africaine s’est engagée à traiter les questions de santé des sols dans tous les pays africains. ‘’C’est cette détermination qui nous a amenés à développer l’Initiative pour les sols en Afrique (SIA) et le Plan d’action pour la santé des engrais et des sols en Afrique. Alors que l’Initiative pour les sols en Afrique est un cadre à long terme aligné sur notre Agenda 2063, le Plan d’action est le plan de mise en œuvre sur 10 ans’’, a déclaré M. Faki Président de la Commission de l’Union africaine à l’ouverture du Sommet africain sur les engrais et la santé des sols  tenu ce 9 mai 2024, à Nairobi, au Kenya.

Les engrais, selon lui,  constituent un intrant essentiel pour la productivité s’ils sont correctement utilisés conformément aux normes scientifiques reconnues.

L’Afrique connaît une dégradation accélérée des sols, notamment par la désertification et les inondations, comme ça se voit en Afrique de l’Est et au Kenya, souvent alternativement – soit des sécheresses, soit des inondations – ce qui réduit la production et la productivité dans le secteur agricole africain.

La capacité de production agricole de l’Afrique est bien en deçà des normes mondiales. Les causes de la dégradation de la santé des sols sur le continent sont tout aussi importantes.

En termes d’utilisation d’engrais, l’Afrique est en dessous de la moyenne mondiale et de l’objectif fixé par les chefs d’État et de gouvernement africains en 2006, lorsqu’ils ont approuvé la déclaration d’Abuja sur les engrais pour une révolution verte en Afrique, avec un objectif de 50 kilogrammes par hectare et par an. Dix-huit ans plus tard, le taux moyen d’utilisation d’engrais est d’environ 18 kilogrammes, soit moins de la moitié de l’objectif fixé en 2006. ‘’Nous avons la responsabilité de tirer et d’appliquer les leçons qui expliquent la persistance de cet écart’’, a-t-il précisé.

Certains pays africains produisent des engrais, mais le continent dépend essentiellement des engrais importés, ce qui les rend très coûteux pour nos agriculteurs. Pourtant, le Centre africain pour le développement des engrais, basé au Zimbabwe, existe depuis les années 1980.

’Nous devons optimiser l’utilisation de ces atouts continentaux existants pour stimuler la production locale d’engrais et fournir des engrais de qualité aux agriculteurs africains à des prix abordables. C’est impératif si nous voulons améliorer le secteur agricole du continent, qui est essentiel pour notre souveraineté et notre sécurité alimentaires. Ces investissements devraient également se refléter dans nos budgets nationaux’’, a en outre déclaré  Président de la Commission de l’Union africaine.

Cependant, et comme le montrent nos examens biennaux, nous sommes encore loin d’atteindre les objectifs fixés à Malabo en 2014, qui nous ont donné une feuille de route claire pour la mise en œuvre. L’appropriation est en partie entravée par une dépendance excessive à l’égard des partenaires pour le financement de nos ambitions en matière de développement agricole. Cette situation n’est tout simplement pas viable.

A l’aune de ce qui a été dit, l’Afrique a donc besoin de renouveler une forte volonté politique de la part des États membres à travers la mobilisation des ressources nationales pour refléter la priorité du secteur agricole et tel que défini à Malabo.

En effet, il appartient au continent de mener une révolution technologique pragmatique pour transformer ce secteur clé si nous voulons aller au-delà des stratégies classiques depuis Abuja et renforcer nos capacités de mise en œuvre. L’agriculture reste un levier stratégique et essentiel pour l’industrialisation du continent et la création d’emplois qui sont si vitaux pour le développement, la stabilité et la prospérité. Il nous appartient donc de mobiliser notre détermination et nos ressources collectives pour traiter la question de la santé des sols et de l’utilisation des engrais de manière holistique si nous voulons parvenir à des systèmes alimentaires durables sur notre continent.

Les cadres stratégiques sont en place  sur le continent. Sur ce, ‘’nous avons la capacité de travailler ensemble pour produire les engrais et autres intrants agricoles dont nous avons besoin. Donnons-nous donc les moyens politiques nécessaires pour relever les défis de notre souveraineté alimentaire.’’, a renchéri Moussa Faki.

Au Kenya  où s’est tenu  le sommet, de récentes inondations dévastatrices qui ont coûté la vie à plus de 100 personnes innocentes.

V. A.