RDC : une dernière chance en vue pour aboutir au dialogue politique

Afriquinfos
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Kinshasa (© 2016 Afriquinfos)- Très tendue depuis des semaines, la situation politique en République démocratique du Congo semble s’éclaircir avec la perspective de négociations de la dernière chance en vue de trouver une solution pacifique à la crise qui sévit dans le pays.

Le mandat du président Joseph Kabila s’achève le 20 décembre, mais la présidentielle devant permettre le choix de son successeur n’a pas été organisée, engendrant des violences dans un climat politique délétère.

Pour éviter que le pays ne retombe dans le chaos des deux guerres qui l’ont ravagé entre 1996 et 2003, la communauté internationale multiplie les appels au compromis.

Mardi encore, le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-Moon a exhorté « tous les acteurs politiques en RDC » à adhérer à la médiation engagée par la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) « afin de parvenir à une solution consensuelle et pacifique à l’impasse actuelle ».

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Dans un communiqué publié tard dans la soirée, la Cenco a annoncé que l’ouverture de ces pourparlers était « prévue ce jeudi 8 décembre 2016 » à Kinshasa.

L’enjeu est de conclure un accord permettant d’organiser une transition jusqu’à l’élection du successeur de M. Kabila, à qui la Constitution interdit de se représenter.

Mardi, les évêques catholiques ont « reçu les responsables de la majorité et de toutes les tendances de l’opposition », selon l’abbé André Masinganda, secrétaire général adjoint de la Cenco.

Les prélats ont rencontré en particulier l’opposant historique Étienne Tshisekedi, président de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), qui menace d’appeler à des manifestations pour contraindre M. Kabila à abandonner le pouvoir à partir du 19 décembre si aucun accord politique n’a été conclu d’ici là.

Selon un diplomate, le fait que M. Tshisekedi,  ait accepté de se déplacer est un signe encourageant dans la mesure où celui-ci ne bouge habituellement pas de chez lui.

Concurrent malheureux à la présidentielle de 2011, entachée d’irrégularités massives, M. Tshisekedi n’a jamais reconnu la victoire de M. Kabila et se considère comme « le président élu ».

 « Bonne volonté »

 «  Il y a de la bonne volonté de part et d’autre », a indiqué l’abbé Masinganda,  après les rencontres de la Cenco.

L’UDPS a boudé le « dialogue national » ayant débouché en octobre sur un accord entre la majorité présidentielle et une frange minoritaire de l’opposition consacrant le renvoi de la présidentielle à une date non fixée et le maintien au pouvoir de M. Kabila en contrepartie de la nomination d’un Premier ministre issu de l’opposition.

Le « Rassemblement » de l’opposition constitué autour de l’UDPS a refusé cet accord, exigeant un « véritable dialogue inclusif » dans l’esprit de la résolution du Conseil de sécurité de l’ONU sur le Congo votée en mars.

Ces nouvelles négociations devraient se dérouler en un temps réduit (trois jours) avec un petit nombre de participants représentant les signataires de l’accord d’octobre et ses détracteurs.

« Ces pourparlers directs […] doivent débuter vers la fin de la semaine », a déclaré à l’AFP Vital Kamerhe, dirigeant d’opposition ayant signé l’accord d’octobre.

« Raisonnablement c’est pour la fin de cette semaine », estime aussi André-Alain Atundu, porte-parole de la majorité.

« Nous avons fait des concessions majeures » en vue de ces discussions, a dit pour sa part Augustin Kabuya, porte-parole de l’UDPS.

Plaidant la nécessité d’obtenir le consensus « le plus large possible », la Cenco avait entamé sa médiation en septembre en quittant le « dialogue national » après la mort d’une cinquantaine de personnes en deux jours de violences ayant éclaté en marge d’une manifestation du Rassemblement à Kinshasa.

Innocente Nice