Le parti de l’ex-Président de la RDC (République démocratique du Congo) Joseph Kabila a dénoncé vendredi ce 23 mai 2025, au lendemain de la levée de l’immunité parlementaire de l’ancien Chef d’État, « une chasse à l’homme » orchestrée à des fins politiques par Kinshasa, qui l’accuse de complicité avec le groupe armé M23.

Par une large majorité (88 voix pour, 5 contre) lors d’un vote à bulletins secrets jeudi soir, le Sénat a prononcé la levée de l’immunité parlementaire de l’ancien Président et Sénateur à vie, ouvrant la voie à des poursuites à son encontre devant un Tribunal militaire. Joseph Kabila, 53 ans, a dirigé le vaste pays d’Afrique centrale pendant 18 ans, entre 2001 et 2019. Il a quitté la RDC fin 2023, selon son entourage, mais jouit encore d’une certaine influence dans le pays. Il avait quitté le pouvoir avec le titre de Sénateur à vie et une immunité parlementaire.

La décision du Sénat est tombée sans grande surprise, la coalition de l’actuel Président Félix Tshisekedi détenant une majorité écrasante au Parlement et le parti de M. Kabila (Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie, PPRD), qui avait boycotté les dernières élections fin 2023, n’y étant pas représenté. L’indépendance du pouvoir judiciaire en RDC est par ailleurs régulièrement mise en doute.

« C’est en réalité une chasse à l’homme, une chasse à la sorcière », a réagi ce 23 mai 2025 Ferdinand Kambere, le Secrétaire Général permanent adjoint du PPRD. Par cette « mascarade » au Sénat, M. Tshisekedi s’engage sur une voie qui vise à « anéantir la démocratie dans notre pays et fermer la bouche à tout Congolais qui dénonce la guerre dans l’Est », a poursuivi M. Kambere. L’Est congolais, région riche en ressources naturelles frontalière du Rwanda, est déchiré par des conflits depuis 30 ans. Les violences se sont intensifiées ces derniers mois avec la prise de contrôle par le M23 (groupe armé antigouvernemental soutenu par le Rwanda et son Armée) des grandes villes de Goma et Bukavu, capitales des provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu.
Kinshasa accuse Joseph Kabila de complicité avec le M23. En avril 2025, le ministre de la Justice Constant Mutamba avait ainsi saisi la justice militaire. Le procureur général de l’Armée congolaise avait déposé une requête auprès du Sénat pour lever l’immunité de M. Kabila et le poursuivre pour participation à un mouvement insurrectionnel, trahison, participation à des crimes de guerre et crimes contre l’humanité.
Cette volonté du Gouvernement de poursuivre M. Kabila est également intervenue peu après l’annonce en avril 2025 des intentions de ce dernier de rentrer au pays par « sa partie orientale ». Joseph Kabila n’avait pas précisé s’il reviendrait par une zone sous contrôle du M23. Dans la foulée, les autorités congolaises avaient mené des perquisitions dans plusieurs de ses propriétés et suspendu son parti.

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