RDC: les forces de sécurité et milices sont accusées de crimes contre l’humanité

Afriquinfos
4 Min de Lecture

Agenda

mai 2024
L M M J V S D
 12345
6789101112
13141516171819
20212223242526
2728293031  

Genève (© 2018 Afriquinfos) – Des populations civiles de la région du Kasaï, une localité située au centre de la République démocratique du Congo (RDC), sont victimes d’atrocités et crimes de guerre depuis 2016. C’est ce que révèlent les conclusions d’une enquête menée par des experts des Nations Unies.

Ces investigations qui ont été possibles grâce à des informations récoltées suite aux entretiens avec 524 victimes, témoins, auteurs présumés et autres sources avec des documents, photographies et vidéos appuyant ces témoignages, mettent en cause les forces de sécurité et les milices, auteurs de ses actes exaspérés.

« Certaines des exactions commises par les forces de défense et de sécurité, les milices Bana Mura et la milice Kamuina Nsapu constituent des crimes contre l’humanité ou des crimes de guerre, ainsi que des violations et des atteintes aux droits de l’homme », ont indiqué les enquêteurs.

Comme solution, ces experts onusiens, mandatés en juin 2017 pour un an par le Conseil des droits de l’homme des Nations unies souligne « l’urgence de mettre en place une politique de désarmement des milices et un processus de réconciliation afin d’éviter une nouvelle vague de violences et permettre le retour des déplacés et réfugiés »

- Advertisement -

Aussi, déplorent-ils, « un très sérieux problème d’impunité subsiste au regard de l’ampleur et de la gravité des crimes ».

Le Kasaï, théâtre de violences entre 2016-2017

La région du Kasaï a été le théâtre d’un violent conflit en 2016-2017, depuis la mort le 12 août 2016 du chef traditionnel Kamuina Nsapu. Le bilan des affrontements entre les miliciens Kamuina Nsapu et les forces de sécurité, soutenues selon l’ONU par les milices Bana Mura, est de plus de 3000 morts et 1,4 million de déplacés – soit plus qu’en Syrie et en Irak.

Selon le rapport qui sera présenté le 3 juillet au Conseil des droits de l’homme à Genève, les attaques menées par les forces de défense et de sécurité, la milice Kamuina Nsapu et les milices Bana Mura « ont été menées contre les populations civiles avec un caractère généralisé ou systématique, et dans la poursuite de la politique d’un Etat ou d’une organisation ayant pour but une telle attaque ».

Aussi, ces faits constituent bien des crimes contre l’humanité, selon les experts, qui citent des actes de meurtre, viol, réduction en esclavage, notamment sexuel, persécutions et autres actes inhumains.

Le rapport note également que ces violences ont réveillé des tensions ethniques latentes ce qui a fait prendre au conflit une dimension ethnique à partir du début de l’année 2017.

Le même document indique en outre que la liste des exactions et atrocités est longue: meurtres, mutilations, viols, pillages, attaques intentionnelles contre la population civile, attaques contre des bâtiments religieux, école et hôpitaux, enrôlement d’enfants de moins de quinze ans dans des groupes armés.

Les enquêteurs de l’ONU accusent également les forces de défense et de sécurité (armée et police) et la milice Kamuina Nsapu d’avoir commis des crimes de guerre pour avoir attaqué des « personnes ne participant pas directement aux hostilités ».

L’intensité des violences au Kasaï s’inscrit dans un contexte de tensions autour des élections générales  et notamment présidentielle, fixées pour le 23 décembre prochain. Toutefois, selon les enquêteurs de des Nations Unies, « peu d’éléments de preuve permettent de conclure qu’il existe une connexion directe » entre les deux.

Innocente Nice