Le «Rapport de situation sur la sécurité routière dans le monde 2015» présente le phénomène de l’insécurité routière mondiale et tire des conclusions en s’appuyant sur les résultats d’une analyse des données recueillies auprès de 180 pays. Ce rapport de l’OMS fait remarquer que les usagers de la route dans le monde ne bénéficient pas tous du même degré de protection. Le risque de mourir d’un accident de la circulation dépend encore en grande partie du lieu où vivent les gens et de la façon dont ils se déplacent.
«Un fossé profond sépare toujours les pays à revenu élevé des pays à revenu faible ou intermédiaire dans lesquels 90% des décès dûs aux accidents de la circulation surviennent, alors qu’ils ne comptent que 54% des véhicules en circulation dans le monde», explique l’OMS.
Par conséquent, l’Europe, en particulier les pays les plus riches de cette Région, enregistre le plus petit nombre de tués sur les routes par habitant alors que l’Afrique enregistre les taux les plus élevés.
Toutefois, l’organisation se satisfait de l’amélioration de la tragédie attestant que le nombre de tués sur les routes se stabilise alors même que le nombre de véhicules motorisés a augmenté rapidement dans le monde, tout comme la population mondiale. Une situation due, selon le rapport, à l’effort de certains pays qui ont amélioré leur législation et son application en vue de rendre les routes et les véhicules plus sûrs.
Ces trois dernières années, 105 pays ont voté une loi satisfaisante qui impose le port de la ceinture de sécurité à tous les occupants des véhicules, 47 pays ont voté une loi qui fixe une vitesse maximale de 50 km/heure dans toutes les villes du pays et donne toute liberté aux autorités locales d’abaisser davantage cette limite de vitesse ; 34 pays ont voté une loi contre la conduite sous l’emprise de l’alcool, 44 autres ont voté une loi qui impose le port du casque de sécurité à tous les conducteurs et passagers et 53 pays ont voté une loi imposant l’installation dans le véhicule d’un dispositif de retenue pour enfants selon l’âge, la taille ou le poids, informe l’OMS.
Optimisme onusien
«Nous allons dans la bonne direction. Le présent rapport montre que les stratégies de sécurité routière sauvent des vies. Mais, il nous dit aussi que nous progressons trop lentement», commente le Dr Magaret Chan, Directrice générale de l’OMS.Ce rapport révèle par ailleurs que certains véhicules vendus dans 80% des pays dans le monde ne sont pas conformes aux normes de sécurité de base, en particulier dans les pays à revenu faible où près de 50% des 67 millions de nouvelles voitures particulières ont été produites en 2014. Les motocyclistes sont particulièrement vulnérables et représentent jusqu’à 23% du total des décès dus aux accidents de la circulation.
«Les décideurs doivent modifier les politiques de transport», estime le Dr Etienne Krug, Directeur du Département Prise en charge des maladies non transmissibles, handicap, prévention de la violence et du traumatisme de l’OMS.
«Améliorer les transports publics et rendre la marche et le cyclisme plus sûrs exigent de nous que nous prêtions attention à la façon dont véhicules et individus se partagent la route. L’absence de politiques de protection des usagers de la route vulnérables tue des gens et nuit à nos villes. Si nous rendons la marche et le cyclisme plus sûrs, nous obtiendrons une baisse du nombre de décès, la pratique accrue de l’exercice physique, une meilleure qualité de l’air et des villes plus agréables», explique-t-il.
Le Rapport de situation sur la sécurité routière dans le monde 2015 constitue l’outil officiel de suivi de la Décennie d’action pour la sécurité routière 2011-2020. Sa publication fait suite à l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030, qui fixe une cible ambitieuse pour la sécurité routière.
Larissa AGBENOU