Ce que la fille cadette de Cécile Kyenge affirme tout haut sonne comme la sagesse même : le racisme est pure ignorance. En Italie, pourtant, il n’est pas certain que cette maxime ait toujours force d’évidence, à en croire les messages racistes parfois franchement menaçants que la ministre de l’Intégration reçoit en si grand nombre qu’elle pourrait en faire une véritable collection.
Le message vaut d’autant plus pour Roberto Calderoli, coutumier du fait, qui a comparé Mme Kyenge à un orang-outan pas plus tard que samedi dernier. A cette plaisanterie mesquine, la jeune fille de 17 ans répond, à l’occasion des journées mondiales contre le racisme : « Ne soyez pas offensants. Vivez en paix. Lisez beaucoup, voyagez beaucoup, et peut-être que vous vous rendrez compte un jour que le racisme est inutile ». Une maturité que l’on aimerait voir plus souvent dans les rangs des hommes politiques italiens.
Giulia Kyenge aime beaucoup la RDC dont sa mère est originaire, mais c’est l’Italie son pays. Même si Calderoli et ses petits camarades de la Ligue du Nord pensent un peu différemment : « Tant mieux pour elle qu’elle soit ministre, mais chez elle, au Congo » poursuivait le sénateur à propos de Cécile Kyenge. La xénophobie ambiante dans certaines sphères politiques est certes un problème, mais ce qui l’est encore plus, c’est l’incapacité des institutions à agir face à elle. Calderoli a, selon les mots du président Enrico Letta, « dépassé toutes les limites » ; mais pas celles de son poste au Sénat, duquel il est fort peu probable qu’il soit amené à démissionner malgré l’insulte.