Abidjan (© 2025 Afriquinfos)- La Côte d’Ivoire, bien qu’ayant connu d’illustres figures féminines dans le passé, semble aujourd’hui marquée par l’absence d’une femme prête à briguer la plus haute fonction du pays. Les noms de Jacqueline Kouangoua de Daloa, Jacqueline Oble de Dibremou de la FAC de Droit, ou encore Henriette Lagou restent ancrés dans les mémoires en raison de leur engagement politique.
Mais aujourd’hui, aucune femme ne semble se démarquer pour l’élection présidentielle de 2025. Des figures masculines comme Affi N’Guessan, Thiam Tidjane, Jean-Louis Billon, Laurent Gbagbo, Blé Goudé, Guillaume Soro ou encore Alassane Ouattara dominent la scène politique, tandis que les femmes semblent absentes des sphères de pouvoir les plus influentes…

Pourquoi l’absence de femmes en politique ?
L’absence de figures féminines fortes dans la course présidentielle de 2025 peut être attribuée à plusieurs facteurs, à la fois sociaux, culturels et politiques. D’une part, il existe une norme patriarcale bien ancrée dans la société ivoirienne qui tend à marginaliser les femmes dans les sphères de décision politique. L’image de la femme en politique reste souvent stéréotypée, confinée aux rôles de Conseillère ou de Ministre, mais jamais à celui de Chef d’État. La culture politique ivoirienne, qui repose largement sur des structures familiales et communautaires dominées par les hommes, freine aussi l’émergence de femmes dans les hautes fonctions.
D’autre part, la réalité politique ivoirienne, marquée par des crises récurrentes et des luttes de pouvoir acharnées, semble avoir renforcé une mentalité où les femmes sont perçues comme fragiles ou non adaptées aux enjeux complexes et souvent violents du pouvoir. Les partis politiques eux-mêmes n’ont pas su offrir une véritable plateforme ou des opportunités pour des figures féminines, privilégiant des hommes jugés plus « forts » pour diriger le pays.
Le manque d’une figure féminine, un problème pour la jeunesse ivoirienne
L’une des conséquences majeures de cette absence de femmes dans la politique de haut niveau est l’impact qu’elle peut avoir sur les jeunes électeurs, notamment les jeunes femmes ivoiriennes. En effet, l’absence de modèles féminins en politique renforce le stéréotype selon lequel le pouvoir politique est un domaine réservé aux hommes. Cela empêche les jeunes filles et jeunes femmes de se projeter dans une carrière politique et limite leur participation active à la construction du futur politique du pays. Cette situation est d’autant plus préoccupante qu’une large part de l’électorat est aujourd’hui constituée de jeunes, notamment des jeunes femmes, qui cherchent des modèles d’identification et d’inspiration.
La jeunesse ivoirienne, bien que passionnée par la politique, semble se tourner majoritairement vers des figures masculines qui représentent une vision du pouvoir encore ancrée dans des dynamiques patriarcales. Ce phénomène se reflète notamment dans les dernières élections, où le taux de participation des femmes est resté inférieur à celui des hommes, témoignant d’une absence de confiance dans les figures féminines politiques, faute de véritables opportunités de leadership.
L’urgence d’une vision politique inclusive et féminine pour 2025
L’absence de femme dans la course à la présidentielle de 2025 ne peut plus être ignorée si la Côte d’Ivoire veut véritablement incarner une démocratie moderne, inclusive et représentative de toutes ses composantes sociales. La politique ne doit plus être perçue comme un territoire réservé aux hommes.
L’absence de figure féminine à ce niveau de la politique nationale révèle l’urgent besoin d’un changement de mentalité au sein des partis politiques, mais aussi dans la société elle-même. Il est désormais crucial de promouvoir des femmes capables de porter des idées novatrices et inclusives pour le développement du pays. Pulchérie Gbalet semble la seule à réagir.
Les partis politiques, à la fois majoritaires et d’opposition, doivent ouvrir la voie à la participation de femmes en offrant des places éligibles aux plus hautes fonctions politiques. La Côte d’Ivoire ne pourra aspirer à un véritable progrès tant qu’elle continuera d’exclure les femmes des postes de décision et de représentation au plus haut niveau.
La démocratie de demain passe par une politique réellement inclusive, un changement nécessaire et urgent pour la Côte d’Ivoire.
ALEX KIPRE (écrivain, journaliste, éditeur)