Ryad (© 2024 Afriquinfos)- L’Arabie saoudite accueillera en 2025 les premiers Jeux olympiques de l’e-sport, une discipline qui constitue un vrai potentiel pour le continent. Selon le Comité international olympique qui a fait l’annonce, le vendredi 12 juillet 2024, les compétitions de cette nouvelle discipline se tiendront « régulièrement » pendant douze ans.
L’e-sport, contraction de l’anglais ‘’electronic sport’’ sont de grands tournois de jeu vidéo avec des milliers de joueurs interconnectés qui s’affrontent pour tenter de remporter de grosses sommes d’argent. Il est le deuxième domaine moteur de l’industrie vidéoludique africaine. Un secteur qui connaît un essor plus qu’important au niveau mondial.
En 2020, le domaine de l’esport a généré 950 millions de dollars de recettes au monde, établissant un nouveau record, qui tend à être battu chaque année. Rentrant pleinement dans cette dynamique, l’Afrique fait figure de terre d’avenir pour la pratique de l’esport.
En cause, une avance non négligeable en termes de jeu vidéo mobile. Les tendances actuelles montrent un réel attrait pour l’esport mobile : l’Afrique pourrait donc se positionner en précurseur dans ce domaine.
Autre avantage : une population jeune et importante, avec un équipement technologique en forte hausse. D’ici à 2050, 50% de la population mondiale sera africaine, offrant un vivier de consommateurs et de créateurs sans égal au monde.
En Afrique anglophone, ceux qui sont loin devant sont le Nigeria, le Maroc et l’Égypte. Les acteurs francophones qui se démarquent dans la pratique compétitive du jeu vidéo sont le Sénégal avec l’association Sen Games qui a organisé en 2012 le tout premier tournoi officiel de la région. La Côte d’Ivoire semble aussi prête à s’imposer comme futur berceau du e-sport. Avec des initiatives novatrices, des infrastructures en développement et une communauté de joueurs passionnés, la Côte d’Ivoire est prometteuse pour le monde de l’e-sport en Afrique.
Des CAN e-sport depuis 2017 malgré le manque d’investissement
En 2017, diverses associations et organisations telles qu’Orange, Sen Games et la World Gaming Federation se sont regroupées pour établir l’équivalent de la Coupe d’Afrique des Nations en matière d’e-sport au Gabon. C’est ainsi que naît la CAN e-sport, réunissant huit pays et plus de mille joueurs. Ce tournoi devient un événement incontournable, attirant les passionnés chaque année et offrant aux joueurs une chance de briller sur la scène internationale. Par ailleurs, la Côte d’Ivoire a également fait son entrée dans l’e-sport avec le Feja (Festival de l’Électronique et du Jeu Vidéo Africain) organisé par Sidick Bakayoko.
Cependant, pour que l’e-sport se développe en Afrique, il est nécessaire d’accroître les investissements ainsi que le soutien de l’État et des entreprises sponsors, à l’exemple d’Orange qui organise chaque année l’Orange e-Sport Experience. Souvent, ce sont des institutions internationales telles que l’Institut français ou le Goethe Institute qui prennent en charge le financement de ces événements, car il est encore difficile de convaincre les investisseurs locaux. Le secteur du jeu vidéo peine en effet à être perçu comme un véritable vecteur d’emplois et d’opportunités économiques.
Parmi les autres défis qui freinent le développement de l’e-sport sur le continent figurent la qualité de la connexion Internet, le coût des équipements et la rareté des serveurs disponibles. Ces difficultés peuvent représenter un désavantage pour les joueurs africains lors des compétitions internationales
Toutefois la désignation de l’Arabie Saoudite pour accueillir en 2025 les premiers Jeux olympiques de l’e-sport, fruit de plusieurs mois de réflexion pour organiser un événement distinct des Jeux classiques, doit encore être avalisée par la 142e session du CIO, qui se tiendra les 23 et 24 juillet à Paris.
Mais cette étape a tout d’une formalité et la monarchie pétrolière renforce un peu plus son poids dans le sport mondial, elle qui multiplie l’accueil de compétitions (foot, Formule 1, équitation, boxe) et doit être officiellement désignée en fin d’année – elle est seule en lice – comme le pays hôte du Mondial 2034 de football.
« Plus de 23 millions de joueurs » en Arabie Saoudite
Dans un communiqué, le patron du CIO Thomas Bach a salué la « grande expertise – pour ne pas dire unique » du comité national olympique (CNO) saoudien en matière d’esport, alors que le royaume revendique « plus de 23 millions de joueurs« , selon le prince Abdulaziz bin Turki Al Faisal, ministre saoudien des Sports.
« Le travail commencera par la sélection d’une ville et d’un site pour la première édition des Jeux Olympiques de l’e-sport, ainsi que par l’élaboration d’un calendrier précis de l’événement, des titres à inclure, du processus de qualification pour les joueurs« , détaille le CIO. Il invite « les fédérations internationales qui ont déjà lancé une version électronique de leur sport » à s’associer à la future compétition.
Le CIO insiste notamment sur le « développement rapide » du sport féminin saoudien, les « réformes réglementaires » garantissant une représentation féminine au sein des conseils d’administration de toutes les fédérations sportives, ainsi que l’égalité de rémunération pour les athlètes hommes et femmes sélectionnés en équipe nationale.
Vignikpo Akpéné