Abuja (© 2022 Afriquinfos)- Lors d’une intervention vendredi dernier, le Président de la Banque Africaine de Développement (BAD) a, à nouveau tiré la sonnette d’alarme sur «l’inévitabilité de la crise alimentaire mondiale» dont l’Afrique sera l’une des plus grandes victimes. Une crise qui, selon le patron de la banque panafricaine est évitable pour le continent par l’accroissement de sa production alimentaire.
Akinwumi Adesina a dans un premier temps fait cas de la convergence des défis mondiaux auxquels fait face l’Afrique. Le Président de la BAD a indiqué que les pays les plus vulnérables du continent ont été les plus durement touchés par les conflits, le changement climatique et la pandémie de Covid-19, qui ont bouleversé les progrès économiques et de développement en Afrique.
Il a insisté sur l’impact de guerre russo-ukrainienne en expliquant que les deux pays fournissent 30 % des exportations mondiales de blé, dont le prix a bondi de près de 50 % dans le monde, atteignant des niveaux identiques à ceux de la crise alimentaire mondiale de 2008. Le président de la BAD a ajouté que les prix des engrais avaient triplé et que les prix de l’énergie avaient augmenté, ce qui alimentait l’inflation.
Il a averti que le triplement des coûts des engrais, la hausse des prix de l’énergie et la hausse des coûts des paniers alimentaires pourraient s’aggraver en Afrique dans les mois à venir. Il a noté que 90% des 4 milliards de dollars d’exportations de la Russie vers l’Afrique en 2020 étaient constitués de blé, et que 48% des près de 3 milliards de dollars d’exportations de l’Ukraine vers le continent étaient constitués de blé et 31% de maïs.
Pour autant, l’Afrique ne devrait pas être fataliste et doit se préparer pour faire face à cette crise alimentaire. L’Afrique doit rapidement accroître sa production alimentaire soutient Akinwumi Adesina.
«La Banque africaine de développement s’emploie déjà à atténuer les effets d’une crise alimentaire par le biais de la Facilité africaine d’intervention et d’urgence en cas de crise alimentaire – une facilité dédiée envisagée par la Banque pour fournir aux pays africains les ressources nécessaires pour augmenter la production alimentaire locale et se procurer des engrais » fait-il savoir. « Mon principe de base », a déclaré M. Adesina, « est que l’Afrique ne doit pas mendier. Nous devons résoudre nos propres problèmes nous-mêmes sans dépendre des autres… »
Le patron de la BAD a, à cet effet, évoqué les premiers succès de l’initiative phare innovante de la Banque, le programme Technologies pour la transformation de l’agriculture africaine (TAAT), un programme portant sur neuf produits alimentaires dans plus de 30 pays africains. M. Adesina a déclaré que la TAAT a contribué à stimuler rapidement la production alimentaire à grande échelle sur le continent, y compris la production de blé, de riz et d’autres céréales : «Nous mettons notre argent là où se trouve notre bouche. Nous produisons de plus en plus notre propre nourriture. Notre plan de production alimentaire d’urgence en Afrique produira 38 millions de tonnes de nourriture. Il a déclaré que TAAT avait déjà livré «des variétés de blé tolérantes à la chaleur à 1,8 million d’agriculteurs dans sept pays, augmentant la production de blé de plus de 1,4 million de tonnes métriques et d’une valeur de 291 millions de dollars».
Selon Akinwumi Adesina, la reconstitution du Fonds africain de développement – le bras de prêt concessionnel du Groupe de la Banque qui soutient les pays africains à faible revenu, serait également une réponse à la crise alimentaire qui guette le continent.
Ce fonds explique-t-il, avait connecté 15,5 millions de personnes à l’électricité et soutenu 74 millions de personnes grâce à une agriculture améliorée ; il a permis à 50 millions de personnes d’accéder aux transports ; construit 8 700 kilomètres de routes et fourni à 42 millions de personnes des installations d’eau et d’assainissement améliorées.
Boniface T.