Portugal : Manoël de Oliveira, le géant du cinéma rend l’âme

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«Cesser de travailler, c’est mourir », ne cessait de clamer celui que l’on a surnommé le doyen de l’écran. A la fois producteur, scénariste, réalisateur et monteur de ses films , Manoël de Oliveira reste un artiste unique qui a marqué le monde en continuant à travailler après avoir franchi le cap de ses 100 ans .Et malgré le poids des années, sa passion et son talent n’ont pas faibli .

Ce talent, l’acteur centenaire l’a acquis très tôt. Natif  du 11 décembre 1908,  Manoël de Oliveira était un fanatique de l’écran .Allant régulièrement suivre des films, les chefs d’œuvres de Charlie Chaplin et Max Linder l’ont  conquis au point ou il décide d’intégrer l’école d’acteur de Reno Lupo à l’âge de 19 ans.

Le parcours dans le monde du cinéma

En 1931, Manoël réalise son premier film, au temps du cinéma muet  avant de tourner quelques années plus tard comme comédien dans le premier film parlant en langue portugaise. Les dés de sa longue aventure étaient ainsi lancés. Mais C’est en 1942, que le jeune acteur se fera  un nom en réalisant son premier long métrage tourné pendant la seconde guerre mondiale.

S’ensuivent des tournages dans lesquels l’artiste obtient des rôles de figurant. Mais au centre de chaque prestation, Manoël de Oliveira dépeignait la terrible situation politique de son pays. Ce qui lui attire les foudres du régime portugais qui lui interdit de tourner jusqu’en 1971.

Manoël se rend alors en Allemagne pour vivre pleinement sa passion. Après y avoir  étudié la couleur et les procédés techniques, il reprend la caméra pour réaliser un nouvel essai sur « le Peintre et la Ville » en 1956. Deux ans après, il a présenté son long métrage, « Gebo et l’ombre ».

Depuis lors, il s’impose sur la scène mondiale et réalise plus de 50 films fictions et documentaires tournant pour la plupart dans des films romantique ou d'amour impossible entre le Portugal, l’Espagne et la France.

Ses multiples prestations lui valent une Palme d'or pour l'ensemble de son œuvre. Cette récompense lui a été remise lors du festival de cannes en 2008, l'année de ses 100 ans. « J'apprécie énormément de la recevoir de cette façon-là parce que je n'aime pas trop la compétition, c'est-à-dire gagner contre mes collègues ; c'est une belle façon de recevoir un prix », avait déclaré Manoël de Oliveira en recevant cette distinction.

 Artiste à 100 ans

En 2014, à l’occasion de son 106eme anniversaire, Manoël présente son dernier court métrage « Le Vieux du Retelo », tourné quelques mois auparavant malgré sa santé fragile. A l’avant-veille de cet anniversaire, il avait reçu les insignes de grand officier de la Légion d'honneur des mains de l'ambassadeur de France au Portugal, Jean-François Blarel.

Pionnier du septième art portugais, Manoël de Oliveira demeurera dans l’histoire un personnage unique à la fois présent dans un monde qui était encore celui du 19ème siècle, et témoin du 20ème siècle.

«Tout le cinéma mondial est orphelin. C'était un seigneur » déclarera Gilles Jacob, l’ancien président du Festival de Cannes sur Twitter.

                                                  P. AMAH