L’information a été révélée au monde par l’International Consortium of Investigative Journalists (ICIJ). Créée en 2001, cette organisation est composée de 86 journalistes d’investigation répartis aux quatre coins du globe. Grâce à l’efficacité de ses journalistes, elle a pu récupérer 260 gigabits de données, ce qui est de loin, une des plus grandes fuites de l’histoire.
Ce contenu baptisé Offshore Leaks a été fourni par d'anciens salariés de Portcullis TrustNet et Commonwealth Trust Limited, deux entreprises de services financiers offshore qui ont aidé à la création de centaines de milliers de sociétés, de la fin des années 1990 aux années 2000, dans les îles Vierges britanniques, aux Caïmans, aux îles Cook, aux Samoa et à Singapour.
Et ce sont des Africains qu’on retrouve en tête de liste du contenu Offshore. Des personnes de l’entourage de certains présidents sont notamment citées.
Au Nigéria, « le conseiller politique spécial du président Goodluck Jonathan, Ahmed Gulak, est en haut d'une liste qui ne cesse de grossir, de personnalités politiques et du monde des affaires qui ont détenu ou détiennent encore des compagnies secrètes et des comptes en banque offshore où ils cachent leur fortune pour échapper à l'impôt, blanchir de l'argent ou commettre des fraudes», selon le journal Premium Times. Toujours d’après le Premium Times, cet homme proche du président et spécialisé dans la fourniture de matériel militaire au gouvernement, détient la société Erojim Group of Companies, basée à la fois à Lagos et aux Îles Vierges britanniques.
Toujours au Nigéria, Edmund Daukuru, ancien ministre du pétrole et Bello Gwandu, un homme politique du parti au pouvoir, ancien directeur de Nigeria Ports Authority, se retrouvent aussi sur la liste.
Concernant Djibouti, c’est l’homme d’affaires et opposant malheureux à l’élection présidentielle de 2011, Abdourahman « Charles » Boreh, actuellement en exil à Dubaï, qui est suspecté d’avoir une société aux Îles Vierges britanniques et une autre aux Îles Samoa.
Le Tanzanien Mehbub Yusufali Manji, issu d’une des plus riches familles du pays, est à la tête d’un conglomérat (Quality Group Limited) spécialisé dans l’automobile ou l’agroalimentaire. Il a été de 2007 à 2009 directeur et actionnaire d’Interstrade Commercial Services Limited, basé aux Îles Vierges britanniques.
Les Îles Vierges semblent être le lieu parfait pour les petites magouilles des « grands » d’Afrique. Le Zimbabwéen Conrad Billy Rautenbach, un proche du président Mugabe y a caché son entreprise Artemis Group. Ce dernier est aussi soupçonné par les Etats-Unis d’aider le régime à détourner l’argent du pays. Pour sa défense, son avocat affirme que, l’entreprise, qui aurait servi à investir en Russie, n’existe plus à ce jour.
Pour le président zimbabwéen, c’est plutôt l’Île Maurice l’endroit de rêve pour mettre en sécurité l’argent provenant du business de diamants dont il a le contrôle. Ces détournements provenaient d'Anjin Investments, la soi-disant plus grosse entreprise de diamants qui n'est en fait, selon l’ONG britannique Global Witness, qu'une joint-venture entre une obscure firme zimbabwéenne appelée Matt Bronze et une compagnie de construction chinoise.
Les directeurs d'Anjin Investments sont, entre autres, le chef du cabinet du ministère zimbabwéen de la Défense, des commissaires de police, le directeur de publication du Zanu-PF et un ancien colonel de l'armée dénoncé par l'ONG Human Rights Watch pour des violences contre des civils.
Selon une enquête de Global Witness, les destinations favorites du président Mugabe pour placer ses rapines sont Maurice, Hongkong et les Îles Vierges.