En Tunisie, on ne rigole pas avec le sacré. Et si on rigole quand même, on risque un certain nombre d’années de prison ferme, à vous passer l’envie de rire à l’avenir. C’est pourquoi l’acte bravache du petit plaisantin qui a publié sur internet une photo du Coran piétiné peut lui coûter très, très cher.
« Une enquête préliminaire a déterminé que la photo a été prise en dehors du territoire de la république de Tunisie par un jeune Tunisien de moins de 20 ans résidant dans un pays européen » indique un communiqué ministériel.
« Une coordination avec le ministère public a été mise en place immédiatement, une enquête judiciaire sur le sujet ouverte, et Interpol a été informé pour que les mesures adéquates soient prises ». Autant dire que Tunis ne lésine pas sur les moyens.
7 ans de prison pour un petit blasphème ?
D’accord, blasphémer, c’est mal. Sauf que, techniquement, la loi tunisienne ne punit pas le blasphème. En fait, officiellement, c’est pour « trouble à l’ordre public » que le jeune homme est recherché.
Certains précédents peuvent d’ailleurs lui donner des sueurs froides. En 2012, Jabbeur Mejri, jeune Tunisien athée, est condamné à 7 ans et demi de prison pour avoir publié sur internet une caricature du Prophète Mohammed. Ghazi Beji, condamné à la même peine, a quant à lui trouvé asile en France.
Or, certains trouvent les réactions de Tunis un tantinet excessives, pour ne pas dire abusives. La révolution de janvier 2011, après tout, n’a-t-elle pas assuré la liberté d’expression dans le pays ? Les islamistes, pourtant, restent inflexibles quand la religion est impliquée.
Piétiner le Coran n’est sans doute pas très drôle ; mais cela mérite-t-il plusieurs années de prison ferme ?
