Tous les liens renvoient vers des sites en anglais, sauf indication contraire.
C'est entre autres à ces questions que tente de répondre le nouveau site internet Africa Check afin de faire le tri entre réalité et fiction et encourager une plus grande fiabilité des informations dans les débats publics sur le continent africain.
D'après le site internet, Africa Check est :
Une organisation à but non lucratif qui encourage la véracité des informations dans les débats publics. Nous vérifions les propos de personnalités publiques sur l'ensemble du continent, en commençant par l'Afrique du Sud, en utilisant des techniques journalistiques, des preuves obtenues grâce à des sites et outils en ligne, les commentaires de nos lecteurs, les sources publiques et es experts, dans le but de faire la différence entre réalité et fiction. Nous publions ce que nous trouvons sur ce site.
Le site invite ses lecteurs à tester le service en posant des questions. Il explique l'importance de la vérification des faits :
La vérification des faits n'est pas une activité abstraite. Cela affecte de vrai vies humaines.
En 2003, un groupe de dirigeants religieux et politiques dans le nord du Nigeria a conseillé a leur sympathisants de ne pas faire vacciner leurs enfants contre la polio sous prétexte que le vaccin les rendrait stériles.
La campagne de vaccination faisait partie d'un complot organisé par l'Occident afin de réduire la population du monde musulman, affirmaient-ils. Des tests sur les vaccins ont montré que ces affirmations n'étaient pas fondées, et ceux qui les avaient propagées sans les vérifier les retirèrent par la suite. Cependant, le mal était alors déjà fait.
La polio, qui était en recul dans le monde entier en 2002, connut un regain dramatique dans le nord du Nigeria et de là, se propagea dans beaucoup de pays de l'Afrique de l'ouest et dans le reste du monde. Presque une décennie plus tard, la maladie continue de rendre des gens infirmes en Afrique et ailleurs.
Les fausses informations touchent des vies.
Et la vérification des faits est ce qui les préoccupe. Dans un article de blog intitulé “Ma tribu se meurt” [afrikaans, afr], l'acteur, auteur et musicien sud-africain populaire Steve Hofmeyr affirmeque les Sud-africains blancs tués par des Noirs pourraient remplir un terrain de football, que les Afrikaners blancs sont tués “comme des mouches” et qu'un fermier blanc est assassiné tous les cinq jours.
Africa Check a vérifié les données de Steve Hofmeyr et est arrivé à la conclusion qu'il avait tort :
Les affirmations sont pourtant fausses et grossièrement exagérées. En réalité, les Blancs ont moins de risque d'être assassinés que tous les autres groupes ethniques.
Le 2 juillet 2013, une version actualisée de l'article annonçait :
Le 1er juillet, Steve Hofmeyr a publié une réponse écrite à cet article, ainsi qu'à un article confirmant les résultats trouvés par Africa Check, dans le journal afrikaansRapport.
Les nombreuses affirmations faites par Monsieur Hofmeyr et les “statistiques” qu'il a présentées sont insensées. Depuis sa publication, son article a du être actualisé plusieurs fois, on a notamment effacé les données qu'il disait être en lien avec l'Afrique du Sud mais qui correspondaient en réalité à d'autres continents (et qui étaient également mal interprétées).
L'argument le plus fort de Monsieur Hofmeyr peut se résumer à ceci : “Bien plus que les faits, ce sont les émotions et ressentis des gens qui comptent … Ainsi, que ‘les gens de notre peuple meurent comme des mouches’ reste applicable, d'un point de vue émotionnel, et n'a pas besoin d'être étayé par des faits.”
Africa Check est bien d'accord que les ressentis comptent. Comme indiqué dans notre rapport, l'Afrique du Sud connaît l'un des taux de criminalité les plus élevés du monde et tous les meurtriers doivent être abhorrés. Les données concernant les crimes, comme toutes les autres données, pourraient et devraient être améliorées. C'est un secteur dans lequel Africa Check s'investit. Cependant, ce n'est pas une raison pour lancer des faits inexacts comme le fait Monsieur Hofmeyr.
Un autre propos démontré faux par le site : Les Sud-africains sont ils réellement 80 pour cent àconsulter régulièrement un guérisseur traditionnel comme de nombreuses sources médiatiques dont la BBC et le South African Medical Journal l'affirment toujours ?:
Voici les faits :
D'après une enquête générale sur les ménages de 2011, tandis que 70,7 % des ménages sud-africains privilégient les cliniques et hôpitaux publics, presque un quart (24,3%) des ménages disent qu'ils préfèrent consulter un médecin privé. Les options les moins choisies sont les guérisseurs traditionnels (0,1%) et les pharmacies (0,3%).
Une analyse plus détaillée a montré que 81,3 % des ménages sud-africains noirs ont d'abord recours aux services médicaux du secteur public, 17,2 % ont d'abord recours aux services médicaux du secteur privé et seuls 1,5 % ont d'abord recours à « d'autres » services médicaux, ce qui inclut les guérisseurs spirituels et les guérisseurs traditionnels. Il est intéressant de voir que 1,5 % des ménages sud-africains blancs ont déclaré qu'ils avaient d'abord recours à « d'autres » services médicaux.
Ces statistiques réfutent l'affirmation selon laquelle 80 pour cent des sud-africains noirs iront d'abord chercher l'assistance d'un sangoma pour leurs soins médicaux. Contrairement à cette affirmation, les études montrent que la plupart des Sud-africains noirs iront d'abord chercher des soins dans les services de santé publics.
Le site internet a également enquêté sur un médicament mystérieux du Malawi appelé “Garani MW1″ découvert par une employée du ministère de la Santé malawien. Les journaux et sites internet ont fait la promotion du Garani-MW1 pour soigner le VIH et le sida. Il n'existe pourtant aucune preuve pouvant confirmer cette affirmation :
Une “plante miracle” mystérieuse qui n'a jamais fait l'objet de tests cliniques indépendants ou d'études sérieuses est promue sans aucun questionnement par de nombreux journaux et sites internet malawiens comme un moyen de soigner le VIH et le sida.
Appelée Garani-MW1 par la bureaucrate du ministère de la Santé malawien qui dit l'avoir découverte, la “plante du HIV et du sida” est décrite sur le site internet du produit comme « une préparation à base de plante utilisée pour soigner les malades atteints du virus du sida”.
Il n'existe aucune preuve que le Garani-MW1 soigne quoi que ce soit, sans parler du sida. La substance n'a fait l'objet d'aucun test clinique indépendant, aucune donnée n'a été publiée et aucun des succès ne semble avoir été confirmé de façon indépendante.
En conclusion :
Le fait est qu'il n'existe aucun médicament contre le virus du sida. Les antirétroviraux sont actuellement les seules médicaments fiables pour traiter le virus. Si un médicament venait un jour à être découvert, on peut être sûr que les géants pharmaceutiques internationaux, dans leur avidité à déposer une licence pour le médicament, se feront la guerre, et que cette histoire provoquera une hystérie médiatique dans le monde entier comme nous ne l'avons connue que rarement jusqu'à présent.
Comme nombre d'autres médicaments-miracles, l'histoire du Garani-MW1 s'appuie sur le désespoir des personnes atteintes du sida.
Le fait que des journaux supposés réputés au Malawi aient choisi de donner crédit à ces affirmations par des reportages à sensations et flagorneurs est particulièrement écœurant. C'est le type de reportage qui cause de réels dommages et coûte des vies. Cela devrait être condamné.
Par ailleurs, de combien de pays l'Afrique est-elle réellement composée ? 54, 55 ou 57 ?
“De combien de pays le continent est il composé dans son intégralité ?” nous demandait un groupe de personne recherche la fiabilité de l'information dans un message envoyé la semaine dernière.
L'émetteur, @Infosecafrica, indiquait que l'Union Africaine, l'organisation politique régionale africaine, était composée de 54 membres mais qu'il avait vu un rapport affirmant qu'il y avait 57 pays sur le continent.
De combien de pays est donc composée l'Afrique ? L'UA affirme représenter tous les pays africains. Sont-ils ainsi 54 ou 57 ? Nous nous sommes demandés dans quelle mesure il était difficile de répondre à cette question.
Le désaccord sur le nombre d’États n'est pas seulement un problème africain :
Bien que cela puisse paraître évident, ne pas être d'accord sur le nombre d’États qui composent un continent n'est pas un phénomène limité à l'Afrique.
En Asie, il existe un désaccord sur le fait que Taïwan, qui s'est séparé de la Chine en 1949, est une nation indépendante ou non. Inquiets de menaces d'attaques de Pékin si ils en venaient à déclarer leur indépendance formelle, cela n'a pas été fait.
Pourtant, depuis sa capitale Taipei, Taïwan possède son propre gouvernement élu démocratiquement et sa propre monnaie et est dirigé indépendamment de la Chine ; un pays en tout point donc, à part son nom.
Et en Europe, alors que la plupart des gouvernements reconnaissent le Kosovo comme état indépendant, la Serbie, son voisin, ne le fait pas. Ainsi, il existe en Europe aussi une incertitude quant au nombre de pays qui la compose.
La réponse est :
La meilleure réponse à la question de @Infosecafrica à laquelle nous sommes arrivés est de dire qu'il y a 55 états internationalement reconnus et membres soit de l'Union Africaine, soit des Nations Unies, ou des deux. 53 d'entre eux figurent sur les listes de l'UA et des Nations Unies. Le Maroc ne fait pas partie de l'UA mais est membre de l'ONU. La république arabe sahraouie démocratique fait partie de l'UA.
De plus, tandis que plusieurs territoires affirment leur indépendance, il existe aussi un état de facto, correspondant aux définitions normales d'un pays, le Somaliland. Cependant, il ne s'agit pas d'un état reconnu.
Les partenaires principaux d'Africa Check sont la Fondation AFP et le département de journalisme de l'université de Witwatersrand. Le fianncement est apporté par l'Open Society Foundation for South Africa et par l'African News Innovation Challenge.
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Ecrit par Ndesanjo Macha · Traduit par Claire de Bouvier