PDCI: Tidjane Thiam va être réélu pour mettre fin à la saga judiciaire contestant sa légitimité

Afriquinfos Editeur
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Alassane Ouattara (L), the president of the Democratic Party of Cote d'Ivoire (PDCI) Tidjane Thiam (R), the President's Chief of Staff Fidèle Sarassoro (2nd L) and honorary president of the PDCI Philippe Cowppli-Bony (2nd R) pose for a photograph during a meeting at the Presidential Palace in Abidjan on March 11, 2024.

Le PDCI (Parti démocratique de Côte d’Ivoire), principale formation d’opposition, élit mercredi ce 14 mai 2025 son président, deux jours après la démission de Tidjane Thiam qui se représente, seul candidat, afin d’être réélu pour mettre fin à une saga judiciaire contestant sa légitimité.

Plusieurs opposants de premier plan, dont M. Thiam, ont été déclarés inéligibles pour la présidentielle du 25 octobre prochain. Lundi, 12 mai 2025, ce dernier avait annoncé sa démission de la présidence du PDCI à laquelle il avait accédé en décembre 2023, se disant victime de « harcèlement judiciaire ». Une démission purement formelle qui visait principalement à anticiper une décision de justice risquant d’invalider son élection de décembre 2023, explique-t-on au sein du PDCI.

Tidjane Thiam, alors président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), lors d’un rassemblement à Aboisso, le 21 décembre 2024.

Une militante du PDCI conteste en effet cette élection, estimant que M. Thiam n’était pas ivoirien au moment du scrutin. Une audience est prévue jeudi 15 mai 2025 pour les plaidoiries. La question de sa nationalité – il a été français de 1987 à mars 2025 – empoisonne la campagne de M. Thiam qui est hors du pays depuis près de deux mois. La justice a mis en avant fin avril l’article 48 du Code de la nationalité, datant des années 1960, qui indique que l’acquisition volontaire d’une autre citoyenneté entraîne la perte de la nationalité ivoirienne.

Elle l’a ainsi radié des listes électorales estimant qu’il n’était pas Ivoirien au moment de son inscription en 2022, l’excluant de facto de la course à la présidentielle 2025. Mercredi, 14 mai 2025, Tidjane Thiam, seul candidat, devrait donc se faire réélire président du PDCI en étant cette fois « 100% ivoirien », puisqu’en renonçant à la nationalité française en mars 2025, il a retrouvé, selon les autorités, la nationalité ivoirienne qu’il avait perdue.

– « Pas de plan B » –

« Nous sommes venus réitérer notre soutien à Tidjane Thiam, nous avons la conviction qu’il sera candidat, et qu’il sera élu en 2025. Il n’y a pas de plan B », a confié Elisabeth Golli, une militante, au siège du parti dans la commune de Cocody à Abidjan. Mais cette élection ne change rien à son inéligibilité puisqu’il reste radié de la liste électorale et qu’aucune révision de celle-ci n’est prévue avant la présidentielle du 25 octobre 2025.

Des membres du parti d’opposition ivoirien PDCI chantent et dansent lors d’un meeting de soutien à leur candidat Tidjane Thiam à Abidjan, le 3 mai 2025.

Trois autres figures de l’opposition ayant annoncé leur intention d’être candidats sont absentes de la liste électorale, en raison de condamnations judiciaires: l’ancien Président (2000-2011) et opposant Laurent Gbagbo, son ancien bras droit Charles Blé Goudé et l’ancien chef rebelle et Premier ministre Guillaume Soro. Les autorités récusent régulièrement toute intervention politique dans le processus électoral, assurant qu’il s’agit de décisions prises par une justice indépendante.

Le Président Alassane Ouattara, 83 ans, au pouvoir depuis avril 2011, ne s’est de son côté pas encore prononcé sur une éventuelle candidature, mais s’est dit « désireux de continuer à servir son pays ». L’ex-ministre du Commerce Jean-Louis Billon, membre dissident du PDCI, s’est également lancé dans la bataille à la présidentielle 2025.

Une autre ère depuis ce 12 mai au PDCI

L’opposant ivoirien Tidjane Thiam a annoncé lundi, 12 mai 2025, démissionner de la présidence du Parti démocratique de Côte d’Ivoire.

A moins de six mois du scrutin, le climat politique est tendu en Côte d’Ivoire. Pas question pour autant de renoncer au combat politique: M. Thiam a laissé entendre dans sa déclaration du 12 mai qu’il pourrait être de nouveau élu à la tête du parti. « Je sais qu’après m’avoir élu en 2023, vous m’accorderez de nouveau votre confiance », a t-il déclaré.

Cela pourrait être chose faite dès mercredi, date du prochain Congrès extraordinaire du PDCI, décidée par le bureau politique du parti lundi après-midi. « L’appel à candidatures est ouvert à tous », a précisé le parti dans un communiqué final publié après la réunion du Bureau politique. Et cette fois-ci, Tidjane Thiam sera bien 100% ivoirien puisqu’en renonçant à la nationalité française en mars, il a retrouvé, selon les autorités, la nationalité ivoirienne qu’il avait perdue.

– Inéligible –

« Ils ont coupé l’herbe sous le pied de la justice. Thiam est parti pour mieux revenir. Maintenant qu’il est exclusivement ivoirien, il peut tranquillement reprendre la direction du PDCI », explique l’analyste politique Geoffroy Kouao. Mais « s’il peut aisément redevenir le président du PDCI, il lui sera difficile d’être éligible pour la présidentielle du 25 octobre », ajoute t-il. Car sa radiation de la liste électorale le rend inéligible. « Nous sommes plus que jamais déterminés à poursuivre ce combat », a déclaré le chef des députés PDCI, Simon Doho, devant la presse.

Lundi matin, plusieurs centaines de militants étaient rassemblés au siège du parti, devant lequel des Forces de sécurité étaient déployées, brandissant notamment des pancartes « Touche pas à mon droit de vote », ou « L’intimidation ne passera pas », a constaté l’AFP. « Thiam a fait le bon choix, il n’aura plus de problème avec la justice en tant que président du parti », a défendu Cynthia Koua, une militante.

« Alors que l’on était en droit d’espérer des élections inclusives, transparentes et apaisées, force est de constater que la radiation injustifiée du candidat du PDCI vient s’inscrire dans la logique de l’élimination des leaders des principaux partis politiques de l’Opposition pour se garantir des élections sur mesure et une victoire certaine », a critiqué M. Thiam lundi, 12 mai 2025.

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