Le général Edward Katumba Wamala, chef des forces de défense de l'armée ougandaise a déclaré mardi que les troupes de l'UA ont atteint leur limite en ce qui concerne le nombre de soldats, notant que l'élargissement de leurs opérations aurait pour conséquence de leur imposer un rythme effréné. "Nous avons discuté de cela avec l'UA et les Nations Unies. Nous avons vraiment fait tout ce qui était en nos moyens et nous ne pensons pas pouvoir reprendre le contrôle de nouvelles zones avec les effectifs dont nous disposons actuellement", a-t-il déclaré devant la presse réunie au ministère de la Défense.
"S'il n'est pas possible d'accroître les effectifs actuels en mobilisant des éléments habilitants et des multiplicateurs de force, tels que des hélicoptères d'attaque et des hélicoptères de transport, il sera très difficile pour nous de poursuivre nos opérations et d'envisager d'ouvrir de nouvelles zones que nous ne pourrions pas défendre de façon adéquate". M. Katumba a déclaré que dans les circonstances actuelles le mieux que l'on puisse faire est de consolider et de nettoyer la zone actuellement sous le contrôle des troupes.
"Nous aurions aimé faire le lien avec Kismaayo pour libérer toute l'étendue qui va de Kismaayo à Mogadiscio mais nous ne pouvons pas le faire car nous sommes débordés. Plus nous nous étendons, moins notre percée sera massive sur le terrain et plus nous nous exposerons aux Chabab", a-t-il expliqué. Les Chabab sont un groupe de combattants qui luttent contre le gouvernement somalien et qui ont perpétré plusieurs attaques terroristes dans la région de l'Afrique de l'Est, y compris celle lancée le week-end dernier dans un centre commercial de la capitale kényane Nairobi, qui a fait plus de 60 morts. M. Katumba a déclaré que les effectifs militaires actuels, qui se montent à plus de 17.000, ont besoin d'être portés à environ 25.000 sur le terrain pour que la force puisse étendre ses opérations.
Il a indiqué que si les pays ne peuvent pas envoyer davantage de soldats en Somalie, l'autre solution est de former et d'équiper davantage de soldats somaliens. Si la force de l'UA met un terme à ses opérations d'expansion, les Chabab pourraient bénéficier d'un havre de paix pour s'entraîner et semer le chaos dans la région. "Cela leur donne le temps de reconstituer leurs forces car ils ont accès à un espace vide, un espace sans gouvernement où ils peuvent perfectionner leurs compétences en matière de terrorisme. Ce n'est pas une bonne chose", a estimé M. Katumba. "Ce n'est pas une bonne nouvelle pour la lutte contre le terrorisme dans la région car les Chabab sont l'épine dorsale du terrorisme dans la région de l'Afrique de l'Est", a-t-il ajouté.
Le fonctionnement des troupes de l'UA en Somalie connaît des difficultés financières car l'un de ses principaux bailleurs de fonds, l'Union européenne (UE), a indiqué qu'elle ne peut pas continuer à fournir aux opérations le même niveau de financement en raison des problèmes économiques au sein de l'UE.
La question de savoir si la force de l'UA doit être transformée en une force de l'ONU pour bénéficier davantage de fonds a été évoquée. M. Katumba a fait valoir que cela n'est pas nécessaire et que ça aurait plutôt pour conséquence de saper le succès de la mission dans la mesure où le peuple somalien préfère les troupes de l'UA. "Je pense que l'UA, les bérets verts en Somalie, ont su gagner les cœurs et les esprits du peuple somalien. Je ne suis pas sûr que le peuple somalien serait très accueillant et ouvert pour recevoir les casques bleus (force de l'ONU) compte tenu de l'histoire que nous savons tous sur l'ONU et les Somaliens", a-t- il fait valoir. "Je pense qu'il vaut mieux ne pas se précipiter pour changer cette force en une force de l'ONU, mais plutôt lui donner ce dont elle a besoin pour mener à bien sa mission. Personnellement, je préférerais que cette force qui est sur le terrain, qui a fait ses preuves, reçoive ce qu'il faut pour terminer son travail".
L'Ouganda fournit le gros des troupes de maintien de la paix de l'UA en Somalie, aux côtés du Kenya, du Burundi, de Djibouti, de l'Éthiopie et de la Sierra Leone. Malgré quelques attaques des Chabab, le déploiement des soldats de l'UA en Somalie débuté en 2007 a permis quelques succès militaires dans le pays.
