Le nouveau président égytien cherche une stratégie diplomatique "équilibrée"

Afriquinfos Editeur
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M. Morsi, qui a pris ses fonctions le 30 juin, a effectué fin août une visite en Chine. C'est le premier pays hors de l'Afrique et du Moyen-Orient où il s'est rendu, suite à ses premières visites diplomatiques en Arabie saoudite et en Ethiopie.

En Chine, M. Morsi était accompagné de sept ministres et de 80 hommes d'affaires égyptiens, qui ont été les témoins les plus proches de ses ambitions politiques et économiques dans les relations avec Beijing. M. Morsi a indiqué aux dirigeants chinois que "l'Egypte maintiendra des échanges de haut niveau avec la Chine et favorisera les liens entre les deux gouvernements et leurs partis politiques", et que l'Egypte souhaite élargir sa coopération économique avec la Chine dans des domaines comme la production manufacturière, l'agriculture, la finance et les communications.

"La visite de M. Morsi en Chine montre son intention de se démarquer des politiques de l'ancien régime qui ont bridé ses relations étrangères avec les Etats-Unis et leurs alliés", a indiqué à Xinhua Akram Houssam, analyste politique au Centre national d'études du Moyen-Orient.

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"Le président M. Morsi pense que l'économie est 'le carburant' qui fait avancer 'le camion' de la politique internationale, et c'est pourquoi il s'est rendu en Chine, pays ayant la deuxième plus puissante économie du monde", a indiqué de son côté à Xinhua Said Lawendy, expert au Centre d'études politiques et stratégiques d'al-Ahram.

Selon son porte-parole, le président égyptien effectuera une visite à New York aux Etats-Unis le 24 septembre et se rendra ensuite au Brésil.

"M. Morsi a effectué une visite en Chine avant de se rendre aux Etats-Unis, car il a besoin d'une relation solide" avec un autre "appui" audible en plus de Washington, a indiqué M. Lawendy.

En ce qui concerne le fait que M. Morsi ait choisi le Brésil comme destination après les Etats-Unis, M. Houssam estime que ce choix montre à quel point le nouveau président égyptien est conscient des changements internationaux, et montre aussi son intention de se distinguer de l'ex-régime, qui avait depuis longtemps délaissé l'Amérique latine.

"M. Morsi sait que le Brésil a une économie forte et a joué un rôle dans le dossier iranien avec la Turquie. Il sait également que le Brésil est en passe d'accéder à une position proéminente dans les arènes régionales et internationales", a expliqué M. Houssam.

Par ailleurs, le président égyptien a aussi participé fin août au sommet des non-alignés à Téhéran, affichant ainsi sa bonne volonté et un désir de renouer les relations avec l'Iran, rompues depuis plus de trente ans.

"Même si les deux pays ont des approches différentes à l'égard de divers dossiers internationaux, la visite de M. Morsi constitue néanmoins une tentative d'établir des relations pacifiques basées sur les intérêts communs avec l'Iran", a indiqué M. Houssam.

Toutefois, a ajouté l'expert, "la position de l'Iran envers les pays du Golfe pourrait faire obstacle à la normalisation des relations diplomatiques, particulièrement du fait que M. Morsi a indiqué à plus d'une occasion que la sécurité du Golfe faisait partie de la sécurité égyptienne". M. Houssam a ajouté que les tentatives de l'Iran d'accroître l'influence du chiisme en Egypte étaient également un problème "critique" entre les deux pays.

Selon M. Houssam, le nouveau président égyptien a encore une "mission difficile" à relever en matière de diplomatie.

De son côté, Fakhry al-Tahtawi, professeur de sciences politiques à l'Université du Caire, avertit qu'il faut se garder de tout jugement prématuré sur les démarches diplomatiques de M. Morsi.

"Nous ne pouvons pas évaluer la stratégie de M. Morsi pour le moment, alors que les institutions de l'Etat ne sont pas encore stabilisées et que l'équipe présidentielle vient d'être annoncée, juste un jour avant la visite de Morsi en Chine", a indiqué M. Tahtawi.