Elimination de la faim dans le monde d’ici 2030: la FAO pessimiste pour l’Afrique

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Rome (© 2020 Afriquinfos)- Si plus de 130 millions de personnes dans le monde pourraient mourir de faim en raison de la pandémie de la Covid-19 d’ici à la fin 2020, l’Afrique de son côté va abriter d’ici à 2030 plus de la moitié des personnes souffrant de manière chronique de la faim! C’est ce qu’a indiqué lundi dernier la FAO (Organisation des Nations-Unies pour l’alimentation et l’agriculture), dans un rapport intitulé «L’état de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde», rendu public à Rome.

L’Afrique est la région la plus touchée par la malnutrition. 19,1% de sa population est sous-alimentée, un taux deux fois supérieur à ceux de l’Asie (8,3 %) et de l’Amérique latine et des Caraïbes (7,4 %).

‘’Si la tendance actuelle se poursuit, en 2030, l’Afrique abritera plus de la moitié des personnes qui souffrent de manière chronique de la faim dans le monde’’, souligne le document présenté par la FAO.

Cette étude indique que les mises à jour de données essentielles concernant la Chine et d’autres pays densément peuplés ont conduit à une réduction substantielle des estimations du nombre de personnes souffrant de la faim dans le monde, nombre qui s’élève actuellement à 690 millions.

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‘’La révision de l’ensemble des données relatives à la faim depuis l’année 2000 aboutit à la même conclusion : après avoir diminué régulièrement pendant des décennies, la faim chronique a lentement commencé à augmenter en 2014 et continue de le faire’’, note le rapport.

L’étude conjointement produite par la FAO, le Fonds international de développement agricole (FIDA), le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), le Programme alimentaire mondial (PAM) et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) souligne en outre que la faim avait augmenté au même rythme que la population mondiale ces cinq dernières années.

La Covid-19 complique tout

Les flambées de faim aiguë dans le contexte de la pandémie pourraient faire encore grimper ce nombre ponctuellement, a averti la FAO.

« Alors que la lutte contre la faim stagne, la pandémie de la Covid-19 intensifie les vulnérabilités et les insuffisances des systèmes alimentaires mondiaux, c’est-à-dire l’ensemble des activités et des processus qui affectent la production, la distribution et la consommation d’aliments’’, soutiennent les auteurs de l’étude précitée.

Ils assurent que bien qu’il soit trop tôt pour évaluer l’impact total des mesures de confinement, au minimum, 83 millions de personnes supplémentaires, peut-être même 132 millions, pourraient souffrir de la faim en 2020 en raison de la récession économique déclenchée par la pandémie.

Ce revers jette par ailleurs un doute supplémentaire sur la réalisation du deuxième Objectif de développement durable (Faim «zéro»), souligne l’étude produite conjointement par les institutions spécialisées onusiennes précitées.

Dans l’avant-propos, les responsables des cinq institutions avertissent que cinq ans après que le monde s’est engagé à éliminer la faim, l’insécurité alimentaire et toutes les formes de malnutrition, « nous ne sommes toujours pas en voie d’atteindre cet objectif d’ici à 2030 ».

En attendant, près de 690 millions de personnes ont souffert de la faim dans le monde en 2019, chiffre en augmentation de 10 millions par rapport à l’année précédente et de près de 60 millions en cinq ans, fait-t-on savoir de source onusienne.