Nigeria: Tueries massives en milieu rural dans diverses zones toujours en vogue chaque mois

Afriquinfos Editeur
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Des manifestants contestent le résultat de l'élection présidentielle au Nigeria, le 1er mars 2023 à Abuja.

Des membres d’un groupe armé ont tué au moins 40 membres d’un groupe d’autodéfense lors de l’attaque d’un village dans le centre du Nigeria et des affrontements qui ont suivi, a appris l’AFP ce 08 juillet auprès de la Croix Rouge et d’habitants.

Des membres des forces de sécurité nigérianes sur le site d’une attaque de sabotage prétendument perpétrée par Boko Haram contre des infrastructures électriques à la périphérie de Maiduguri, au Nigeria, le 12 février 2021.

La tuerie a eu lieu dimanche, 06 juillet, dans l’État du Plateau, régulièrement en proie à des tensions inter-communautaires, notamment entre agriculteurs sédentaires et éleveurs nomades qui se disputent l’accès aux terres et aux ressources, et qui connaît depuis plusieurs mois une flambée des violences. En outre, ces dernières années, des gangs lourdement armés ont intensifié leurs attaques dans les zones rurales du nord-ouest et du centre du Nigeria, où la présence de l’État est faible, pillant des villages, tuant les habitants et commettant des enlèvements contre rançon.

Des personnes circulent en voiture sur une autoroute à Jos, dans le centre du Nigeria, le 2 février 2024, après plusieurs semaines de violences intercommunautaires et de troubles dans la région.

Selon le Secrétaire de la Croix-Rouge de l’État de Plateau, Nuruddeen Hussain Magaji, « des centaines de miliciens d’auto-défense ont été pris en embuscade » dimanche dans le village de Kukawa, après des affrontements qui ont fait dix morts parmi les miliciens dans le village voisin de Bunyun Nyalum, a précisé un habitant. « Selon les premiers rapports de notre personnel sur le terrain, au moins 30 corps ont été amenés dans un hôpital local, et certains blessés ont été transférés vers un hôpital de l’État voisin de Bauchi », a précisé à l’AFP Nuruddeen Hussain Magaji. « On s’attend à ce que d’autres corps de miliciens soient retrouvés dans la brousse », a-t-il ajouté.

Musa Ibrahim, un habitant de Bunyun Nyalum, dans la circonscription voisine de Wase, a de son côté déclaré que « dix membres des milices ont été confirmés morts après que des bandits ont attaqué notre communauté ». L’identité des assaillants n’étaient pas claire, les sources faisant référence à des « bandits », un terme général utilisé au Nigeria pour évoquer les gangs criminels.

– Milices d’autodéfense –

Les groupes d’autodéfense locaux ont été créés pour renforcer l’appareil sécuritaire nigérian, mais ils se retrouvent souvent dépassés ou provoquent des représailles de la part des gangs. En juin 2025, des miliciens soutenus par le Gouvernement ont tué plus de 100 « bandits » lors d’une fusillade dans l’État de Zamfara (nord-ouest). Malgré l’Armée, la Police et les groupes d’autodéfense locaux, la violence continue de sévir dans les zones rurales du Nigeria, tant de la part de ces malfaiteurs que des jihadistes, dont le bastion se trouve dans le nord-est.

« Les bandits (…) nous terrorisent », a expliqué Usman Nyalum, un habitant de Bunyun Nyalum. « Il y a quelques semaines, nos milices locales et d’autres villages voisins (…) ont réussi à en tuer près d’une centaine » explique-t-il. « Les autres ont pris la fuite et se sont réfugiés dans la brousse » et « cherchent à se venger ». Bien que ces assaillants soient surtout motivés par l’appât du gain, leur alliance croissante avec les jihadistes inquiète les autorités.

Depuis des années, la région centrale du Nigeria, à cheval entre le nord à dominante musulmane et le sud à dominante chrétienne, est le théâtre de conflits aux dynamiques complexes qui vont au-delà des simples antagonismes communautaires: rivalités foncières aggravées par le changement climatique, prolifération des armes légères, et réponses limitées de l’État.

Des querelles localisées entre individus ou petits groupes peuvent rapidement dégénérer en violences de masse, ouvrant le cercle vicieux des représailles.

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