Jouissant d'une forte autorité morale, l'écrivain Soyinka de 81 ans préconise des méthodes passives au détriment des répressions musclées à l’endroit des militants de cette région déshéritée du sud-est du pays. «Pendant la guerre, j'avais écrit un article dans lequel je disais que le Biafra ne pouvait être vaincu. Les gens n'ont pas compris ce que je voulais dire. Une fois qu'une idée est née et qu'elle a pris racine, on ne peut pas la détruire», a raconté Wole Soyinka sur la chaîne privée «Channels», ajoutant: «Même si on gagne sur le champ de bataille, l'histoire n'est pas finie».
Ces dernières semaines, une série de manifestations a eu lieu au Biafra pour réclamer la libération du militant indépendantiste Nnamdi Kanu, fondateur du Groupe Interdit Peuple indigène du Biafra (IPOB) et directeur de Radio Biafra, qui émet depuis Londres. Ce dernier a été arrêté en octobre puis inculpé pour «terrorisme », «conspiration» et «appartenance à une organisation illégale», il est toujours détenu par la police secrète.Situé dans le sud-est du Nigeria, le Biafra a été le théâtre d'une terrible guerre civile qui avait fait un million de morts entre 1967 et 1970 !!!
Wole Soyinka a lui-même été arrêté et emprisonné pendant deux ans pendant cette guerre, la junte militaire au pouvoir l'accusant de collaborer avec le leader biafrais, le général Emeka Odumegwu-Ojukwu. Le Nigeria est une composante de 250 peuples qui aujourd'hui encore peinent à s'affirmer comme une nation unifiée. Les militants biafrais du peuple igbo s'estiment marginalisés depuis la fin du conflit sus-évoqué.
Innocente Akpéné
