Nawaat Leaks, la plate-forme tunisienne des lanceurs d’alerte

Afriquinfos Editeur
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Cette plate-forme sécurisée a été créée en collaboration avec GlobaLeaks, un logiciel open source et anonyme de lancement d'alertes. GlobaLeaks a annoncé l'opération par un tweet du 27 mars :

Le premier “Leaksite” du monde arabe est né : #nawaatleaks par @nawaat en arabe et français !

Pour dévoiler sur Nawaat Leaks des informations classifiées, il faudra d'abord télécharger le programme d'anonymisation en ligne Tor.

Sami Ben Gharbia, co-fondateur de Nawaat, explique [arabe] les mesures de sécurité internet prises pour protéger les utilisateurs de la plate-forme :

En collaboration avec GlobaLeaks, l'équipe de Nawaat a créé une page spéciale qui déploie un certain nombre d'applications et de techniques open source protégeant ceux qui révèleront des documents et fichiers confidentiels. Ce logiciel protège même des lanceurs d'alerte de l'équipe Nawaat elle-même, qui grâce à ces techniques ne seront pas en mesure de retracer au moyen de leurs adresses mails, adresses IP, noms ou localisations géographiques l'identité de ceux qui révèleront [de l'information]. Pour leur assurer une protection supplémentaire, l'équipe de Nawaat, comme à l'ordinaire et avant la publication de toute fuite de document confidentiel, détruira toutes les métadonnées accroissant la possibilité d'identification de la source électronique de documents sous différents formats : audio, clips vidéo, photos ou textes.

En 2011, les autorités provisoires tunisiennes avaient adopté le décret-loi 41 garantissant l'accès aux documents administratifs. Mais en pratique, la législation n'est guère appliquée. Dans un communiqué publié le 27mars, Article 19 a condamné la négligence des autorités en la matière.

ARTICLE 19 “note également que les mesures existantes visant à assurer la transparence du gouvernement ne sont pas effectivement appliquées” écrit l'organisation.

Sami Ben Gharbia décrit [arabe] la carence de mise en oeuvre du décret-loi :

"Malgré le décret-loi 41 de 2011, qui garantit en théorie le droit des citoyens à accéder aux documents administratifs détenus par les institutions publiques et malgré les multiples discours sur la lutte contre la corruption, les comptes à rendre par les corrompus et la nécessité d'instaurer une gouvernance transparente, nous attendons toujours de pouvoir exercer le droit d'accès à l'information et un combat anti-corruption réel. Au contraire, nous avons vu comment ceux qui veulent mettre au jour la corruption cachée, le favoritisme, les abus de pouvoir et autres méfaits qui continuent à consumer les mondes de la politique, de l'administration et des affaires, sont traînés en justice et poursuivis."

Afef Abrougui, pour Global Voices Ecrit par Afef Abrougui      Suzanne Lehn, pour Global Voices   Traduit par Suzanne Lehn

 

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