Natalie Nougayrède, 47 ans le 9 mai prochain, est bien partie pour devenir le neuvième directeur du Monde et – le fait est inédit pour être signalé – la première femme à accéder à ce poste prestigieux. Depuis sa création, en 1944, le quotidien a, en effet, toujours été dirigé par des hommes. Le 13 février, les trois actionnaires principaux du journal (Pierre Bergé, entrepreneur de luxe et mécène, Xavier Niel, fondateur de la société de téléphonie cellulaire et fournisseur d’accès internet Free, et le banquier d’affaires Matthieu Pigasse) ont unanimement porté leur choix sur cette polyglotte (elle parle couramment l’anglais et le russe) ayant passé son enfance et sa prime jeunesse entre la France, le Royaume-Uni et le Canada.
Le 1er mars, c’est au tour de la Société des rédacteurs du Monde, qui rassemble l’ensemble des journalistes du quotidien, du magazine M et du site web www.lemonde.fr(soit quelque 450 journalistes) de valider ce choix à près de 80%. A moins d’un retournement spectaculaire, cette nomination devrait être confirmée le 6 mars par le Conseil de surveillance duMonde. Et Natalie Nougayrède, qui a rejoint le quotidien en 1996, pourra s’installer pour les six prochaines années dans le fauteuil laissé vacant par Erik Izraelewicz, décédé brutalement d’une crise cardiaque en pleine conférence de rédaction le 27 novembre 2012.
Spécialiste de l’Europe orientale et de l’espace post-soviétique, ancien journaliste de Libération, de la BBC et de RFI, Prix Albert Londres, en 2005, pour sa couverture de la prise d’otages de l’école de Beslan (une ville d’Ossétie du Nord-Alanie, dans la Fédération de Russie) et du conflit tchétchène pour Le Monde, Natalie Nougayrède n’a jamais occupé de responsabilités hiérarchiques dans la rédaction d’un quotidien dont l’une des singularités est de paraître l’après-midi et d’être, de ce fait, toujours daté du lendemain.